Poussière des jours glacés
Mes vieux cheveux jetés
Sur le billard de la nuit
Je mange les ombres
Sur le barrage de nos amours
Là où rien ne chante
Les arbres y touchent
Les mains de la beauté
Le bison d’or rumine
Dans les prairies
Et l’on va boire dans une hutte
Tenue par des Sioux
La nudité d’une sauvageonne
Alimente le sexe de mon cœur
La galaxie contaminée
Par les théocrates maudits
Est une nocturne ardente
Qui brûle l’esprit
L’archidiacre calcine les idées
A coups de chalumeau
La végétation s’étiole
La pensée meurt
Un capitaine de cavalerie
Vêtu de feuilles, de mousse et de vent sec
Investit le corps divin de la courtisane
L’accent étrange des censeurs
Défait les certitudes
De vérité et d’honneur
L’action pernicieuse des inquisiteurs
Entrave le déroulement fluide
Des festivités prévues en hommage à l’Arbre Sacré
Nous aimons la vierge indécente qui hante nos lits
Nous sommes dans les branches d’une indécision
Qui brise notre élan dans les bourrasques de notre mystère
Nos yeux sont pleins de cristaux de givre
Et nous nageons sous un lac gelé
Où flotte le temple de l’Unique Instant
Jean-Jacques Brouard, Antichambre du gouffre, 2018