Hubo un tiempo
en el que aún no nos conocíamos.
Tú caminabas entonces
por las mismas calles que yo
sin verme
o me veías pero no me mirabas
y yo te veía o te miraba,
supongo que ya no importa.
En aquel tiempo
mirabas los árboles,
los cuadros, los picaportes.
Las lluvias,
las nubes rojizas,
todo lo abarcabas con tus ojos.
Mirabas otros hombres
que te miraban y quizás pensaban
en el tiempo en que aún
no te conocían.
Lo mirabas todo,
virgen de mí,
y yo caminaba mirando el reloj
esperando el momento
en que al fin
me verías.
Il fut un temps
où on ne se connaissait pas encore.
Tu marchais alors
dans les mêmes rues que moi
sans me voir
ou tu me voyais mais tu ne me regardais pas
et je te voyais ou te regardais,
je suppose que ça n’a plus d’importance.
A cette époque
tu regardais les arbres,
les tableaux, les poignées de porte.
Les pluies,
les nuages rougeâtres,
tu embrassais tout du regard.
Tu regardais d’autres hommes
qui te regardaient et pensaient peut-être
au temps où
ils ne te connaissaient pas encore.
Tu regardais tout,
vierge de moi,
et je marchais en regardant l’horloge
en attendant le moment
où enfin
tu me verrais.
**
Cierra la puerta y las ventanas
guárdate de los elementos
échate en silencio
debajo de la cama
Cierra los ojos
no digas nada ni respires
hazte la muerta
en un pantano sin olvidos
Huye cobarde de mí
de mi llanto de perro triste
bajo la luna implacable
de tu recuerdo
Ferme la porte et les fenêtres
mets-toi à l’abri des intempéries
allonge-toi en silence
sous le lit
Ferme les yeux
ne dis rien et ne respire pas
fais le mort
dans un marécage sans oublis
Fuis lâchement loin de moi
de mes larmes de chien triste
sous la lune implacable
de ton souvenir
**
Allá los que tienen el camino alfombrado de certezas
los que usan palabras precisas en momentos adecuados
los que tienen por futuro un tratado de cartografía
los que catan y usan cubiertos y vestuarios
los que saben de antemano
Yo no te prometo nada salvo el amor
la fina incertidumbre del fuego sin relojes
el recorrido que es alegre y es enfurecido
la verdad de mis ojos en silencio
el viento y la espera
Allá ellos y sus cauces
yo sólo te prometo
el amor
Tant pis pour ceux dont le chemin est tapissé de certitudes
ceux qui utilisent les bons mots au bon moment
ceux dont l’avenir est un traité de cartographie
ceux qui dégustent et qui utilisent des couverts et des costumes
ceux qui savent à l’avance
Je ne te promets rien sauf l’amour
la fine incertitude de l’incendie sans horloge
le parcours qui est joyeux et furieux
la vérité de mes yeux en silence
le vent et l’attente
Tant pis pour eux et leurs flots
je te promets seulement
amour
Poèmes extraits de Mar baldío
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Jorge Gómez Jiménez
jgomez@letralia.com
Écrivain vénézuélien (Cagua, Aragua, 1971). Il dirige la revue littéraire Letralia, Tierra de Letras depuis 1996. Il a publié les livres de nouvelles Dios y otros mitos (Venezuela, 1993) et Uno o dos de tus gestos (Venezuela, 2018), les romans courts Los títeres (Espagne, 1999) et Juez en el invierno
(Venezuela, 2014), l’anthologie Próximos ( narrative vénézuélienne, bilingue chinois-espagnol ; Chine, 2006), le roman El rastro (Argentine, 2009), le recueil de poésie Mar baldío (Caracas, 2013) et le livre de chroniques Torniquete (Caracas, 2017). Il apparaît également dans diverses anthologies au Venezuela et à l’étranger. Il a notamment remporté le Xe concours annuel de l’Université centrale du Venezuela (Venezuela, 2002) et le prix national de micro-récit « Los Desiertos del Ángel » (Venezuela, 2012) et a reçu des mentions au XXIIIe concours de nouvelles de la ville de Saragosse (Espagne, 2005), au V Prix de Nouvelles Policlínica Metropolitana para Jóvenes Autores (Venezuela, 2011), au II Prix National de Nouvelles « Guillermo Meneses » (Venezuela, 2012) et au X Concours National de Nouvelles de la Société d’Auteurs et Compositeurs de Venezuela
(Venezuela, 2016). Son magazine Letralia a remporté le Prix national du livre (Venezuela, 2007) et a été deux fois finaliste et a reçu une fois une mention honorable aux Stockholm Challenge Awards (Suède ; 2006, 2008, 2010). Ses textes ont été traduits en catalan, chinois, slovène, anglais, français, italien et slovène.