Traduction par Miguel Ángel Real
Paraíso
Río de rojo fango y cielo gris, amada, el paraíso.
Traeré un monito para ti.
Un mono de pelaje rojo
que asaremos al fuego
para probar su carne.
Y traeré pavos rojos para ti.
Te miraré limpiarlos
en la cabana de mujeres.
Esta pluma te doy, roja.
Luzla en la ceremonia esta noche antes de que yazcamos enlazados en la hamaca de cuerda.
Tenemos la grandeza de Dios que nos ha regalado
los pulmones de puerco salvaje para no morir nunca.
Porque vivimos en el paraíso.
He aquí este nido rojo de amor
el cielo bajo, tan cargado.
Nuestra tribu, los doce guerreros-cazadores los ancianos, los ninos que pululan
las tejedoras.
¿Y si la selva es infinita?
*
Casi en el cielo,
el centro del universo.
Dentro del río, fango y piranas.
Tu sangre roja en el centro del tiempo.
Todo está aquí en nuestro poblado. Aquí, donde no sopla el viento.
*
Nos columpiamos enredados en la hamaca durante horas.
Me pregunto por qué Dios nos ama.
Por qué el paraíso.
Paradis
Rivière de fange rouge et ciel gris, ma bien-aimée, le paradis.
J’apporterai un petit singe pour toi.
Un singe à la fourrure rouge
que nous ferons rôtir sur le feu
pour en goûter la chair.
Et j’apporterai des dindes rouges pour toi.
Je te regarderai les nettoyer
dans la hutte des femmes.
Je te donne cette plume, rouge.
Porte-là lors de la cérémonie de ce soir avant que l’on s’allonge enlacés dans le hamac de corde.
Nous avons la grandeur de Dieu qui nous a offert
les poumons du cochon sauvage pour ne jamais mourir.
Car nous vivons au paradis.
Voici ce nid d’amour rouge
le ciel bas, si chargé.
Notre tribu, les douze guerriers-chasseurs, les anciens, les enfants qui pullulent,
les tisserandes.
Et si la jungle était infinie ?
*
Presque dans le ciel,
le centre de l’univers.
Dans la rivière, de la fange et des piranhas.
Ton sang rouge au centre du temps.
Tout est ici, dans notre village. Ici, où le vent ne souffle pas.
*
Nous nous balançons enchevêtrés dans le hamac pendant des heures.
Je me demande pourquoi Dieu nous aime.
Pourquoi le paradis.
De Raíz encendida, Ed. La Baragaña, 2014.
© Estefanía González.
Avec l’aimable autorisation de l’autrice
**
Caía el sol y salí a la terraza.
Quería observar la ciudad, escuchar.
Allí estaba él, con un vaso en la mano.
Tiene algo cerrado que enciende mi imaginación.
Dice que me quiere, y creo que pasaré la vida entera con él.
Su quijada es exquisita y sus ojos son una colina cuando
oscurece, cuando la tierra guarda un fuego y arriba,
muy arriba, arde el aire como rubí.
Me deja sitio y me sostiene con torpeza, y me basta.
Tiene el pulso desbocado y a la vez firme.
Brazos y pestañas, eso es todo.
¡Un corazón que podría desgarrar con mis dientes!
Unos pulmones callados como cuervos, sangre más
roja que mi sangre y pelo de castor. Pepitas de frutales en el puño.
Él es la marea que sube en la ría.
Le soleil se couchait et je suis sortie sur la terrasse.
Je voulais contempler la ville, écouter.
Il était là, un verre à la main.
Il a quelque chose de renfermé qui enflamme mon imagination.
Il dit qu’il m’aime, et je pense que je vais passer toute ma vie avec lui.
Sa mâchoire est exquise et ses yeux sont une colline quand
il fait nuit, quand la terre entretient un feu et au-dessus,
bien au-dessus, l’air brûle comme du rubis.
Il me donne de l’espace et me tient maladroitement, et cela me suffit.
Son pouls est débridé et ferme en même temps.
Des bras et des cils, c’est tout.
Un coeur que je pourrais déchirer avec mes dents !
Des poumons aussi silencieux que des corbeaux, un sang plus
rouge que mon sang et mes cheveux de castor. Des pépins de fruits dans son poing.
Il est la marée qui monte dans l’estuaire.
**
Amo las explanadas.
Si yo fuera un dictador oriental
mandaría construir una plaza
de un kilómetro de lado y plantaría
plátanos
alrededor.
Una plaza mate y limpia.
Me sentaría en el centro
en una sillita de mimbre, sola
bajo el cielo blanco.
Escucharía el viento
los crujidos de la tierra
ecos de pisadas ligeras.
Flotaría luego como una hoja
con los brazos abiertos.
J’adore les esplanades.
Si j’étais un dictateur oriental
je ferais construire une place
d’un kilomètre carré et je planterais
des platanes
autour d’elle.
Une place mate et propre.
Je m’assiérais au centre
sur une petite chaise en osier, toute seule
sous le ciel blanc.
J’écouterais le vent
le bruissement de la terre
des échos de pas légers.
Je flotterais alors comme une feuille
les bras ouverts.
De Hierba de noche, ©Editorial Gravitaciones, 2012.
Avec l’aimable autorisation de l’éditeur
Estefanía González (Asturies, 1970), est l’auteure des recueils de poésie Hierba de noche (Editorial Gravitaciones, 2012) et Raíz encendida (Ediciones La Baragaña, 2014), et du recueil de nouvelles En sueños de otros (2021, Tres Hermanas). Elle a participé à l’anthologie La noche y sus etcéteras. Veinticuatro voces alrededor de San Juan de la Cruz et a collaboré avec différents magazines traditionnels et numériques.