Amar es charlar
con el trauma del otro.
Todavía nadie me amó.
Aimer, c’est causer
avec le traumatisme de l’autre.
Personne ne m’a encore aimée.
***
Relación de dependencia
Me acerco tímida al descanso.
A un paso temeroso le sigue otro,
con más miedo aún.
¿Quién soy cuando no estoy obedeciendo?
Las horas de órdenes cumplidas,
las horas de servir a cuerpos
poseídos por el poder
-real, supuesto o prestado-
son un tiempo herido
que recluta el corazón para ofrendarlo
al tránsito común del progreso
menos conocido como formas aprobadas de encierro.
Sin embargo le temo al paisaje,
a los árboles desordenados
interrumpidos por mi mirada. Sin embargo,
me alarma un poco de barro,
el pasto que toca mis piernas y las piedras
que crujen bajo mis pies.
Han ganado.
Relation de dépendance
Je m’approche timidement de la pause.
Un pas craintif est suivi d’un autre,
avec plus de peur encore.
Qui suis-je quand je n’obéis pas ?
Les heures passées à obéir aux ordres,
les heures passées à servir à des corps
possédés par un pouvoir
-réel, supposé ou emprunté-
sont un temps blessé
qui recrute le cœur pour l’offrir
au passage ordinaire du progrès
moins connu sous le nom de formes approuvées d’enfermement.
Pourtant, je crains le paysage,
les arbres désordonnés
interrompus par mon regard. Cependant,
je m’inquiète pour un peu de boue
pour l’herbe qui touche mes jambes et pour les pierres
qui craquent sous mes pieds.
Ils ont gagné.
***
Es el cuerpo
el que habla.
Decís
que las palabras
no importan
y es verdad,
no hay palabra.
Te mordés el labio,
nos mirás,
el impacto,
el ritmo de tu cuerpo en el mío,
tengo esto
nada más que esto
como dato.
Quiero compartir con vos
mis excepciones:
besos en la boca
ojos fuertes
temblores
hilos de baba
el descanso
y algo nuevo:
la inocencia en la curva
de mi sonrisa
que duró
tan poquitos años
en mi infancia.
Mi cuerpo
que hoy habita
este loop
de placer,
este disfrute
despojado de miedo
esta coherencia en la pasión
amorosa y acariciada,
este deseo limpio
esta agüita saneada que corre
se regenera
en el paseo
de tus manos,
la noción más cercana a la justicia
ante la que estuve desnuda.
C’est le corps
qui parle.
Tu dis
que les mots
n’ont pas d’importance
et c’est vrai,
il n’y a pas aucun mot.
Tu te mords la lèvre,
tu nous regardes,
l’impact,
le rythme de ton corps dans le mien,
j’ai cela
rien que cela
comme élément d’information.
Je veux partager avec toi
mes exceptions :
des baisers sur la bouche
des yeux forts
des tremblements
des fils de bave
le repos
et quelque chose de nouveau :
l’innocence dans la courbe
de mon sourire
qui a duré
si peu d’années
dans mon enfance.
Mon corps
qui habite aujourd’hui
cette boucle
de plaisir,
cette jouissance
dépouillée de sa peur
cette cohérence dans la passion
de l’amour, des caresses,
ce désir limpide
cette eau aseptisée qui coule
et se régénère
quand tes mains
se promènent,
la notion la plus proche de la justice
devant laquelle j’ai été nue.
***
Es al revés:
los cuerpos
dan calor
a los abrigos.
C’est l’inverse :
les corps
réchauffent
les manteaux.
***
Alguna noche no me vas a escribir,
yo tampoco,
y no habrá reclamo ni falta;
será la distancia debilitada
por el deseo.
Un soir, tu ne m’écriras plus,
moi non plus,
et il n’y aura ni réclamation ni faute ;
ce sera la distance affaiblie
par le désir.
***
Más que fingir
cansa andar
como en realidad
se siente.
Plus que les faux-semblants
ce qui est fatiguant est de marcher
comme on se sent
vraiment.
Traduction: Miguel Angel Real
Patricia González López
Écrivaine. Née le 7 août 1986 dans la ville de Buenos Aires.
Elle est l’auteure de Maldad, cantidad necesaria (2013, Milena Caserola & Llanto de mudo) ; Doliente (2016, Cospel. 2019, Liliputienses, Espagne), Otro caso de inseguridad (2018, Santos Locos) et La Trahison / (La Traición) de la collection bilingue d’auteurs français et argentins des éditions RAZ, France (décembre 2021).
Elle a fait partie du jury de la catégorie poésie du Concurso de Literatura Teatro y Música de la Ville de Buenos Aires pour les biennales 2014/2015 et 2018/2019. Elle a également été membre du jury du premier concours d’écriture virale, « Narradorxs y poetas en experiencia de cuarentena« , organisé par la maison d’édition Milena Caserola.
Elle a préparé l’anthologie Esto Pasa, poesía en Buenos Aires en 2015 (Llanto de mudo) et a participé aux anthologies « Libro vivo« , Milena Caserola, 2012 ; Poesía Bajo la Autopista I et II (Clara Beter), Tres versos, un lírico (Tres +1), Poesía Llanto de mudo 1995-2015 (Llanto de mudo). Également dans » Lámparas « , poésie latino-américaine, Editorial Pulpo, 2018 ; » Somos Centelleantes « , poètes pour l’avortement légal, Todxs leemos, 2018 ; » Los peces no conocen el agua « , édition spéciale de Santos Locos pour Bukku libros, 2021, » Una marca de nacimiento « , poésie et affiliation, éditorial Mágicas Naranjas, 2022.
Elle a fait partie de la commission jeunesse du Centro Pen Argentina à partir de laquelle elle a organisé la Caravana poética Por favor, lea poesía au Musée d’Art Moderne de Buenos Aires en association avec le Proyecto Ululayu, Mexique (2018), les tables rondes « Literatura Queer y Canon » (2018) et « El amor insiste en ser escrito : sexualidades, identidades y resistencia en la literatura contemporánea » (2019) dans la Zona Futuro du Salon du livre de Buenos Aires. Dans la même salle et depuis l’imprimerie Santos Locos, elle a organisé le débat « Poesía : lectura versus performance » pour la FIL 2022.
Elle a dirigé la chronique « la poesía no se ajusta » sur AM 750 pendant 2015 et 2018, et « cultura productiva » sur FM La Patriada en 2019. Elle rédige actuellement la chronique « bebido y leído » sur les vins et les livres dans l’émission Malas Lenguas sur Radio Monk et participe à Ablucionistas, un magazine littéraire au Mexique.
Elle a participé au Premier Festival International de poésie José María Heredia à Toluca (2017) et à son anthologie commémorative « Cien poetas del mundo en la Capital con valor« , au séminaire international de poésie à Pachuca, au Mexique (2017) ; au Salon international du livre de La Havane (2018-2019-2022), IIe et IIIe Rencontre internationale des promoteurs de la poésie (La Havane, 2018-2019), au Salon du livre de Montevideo (2018), à l’espace poésie du Salon du livre de Córdoba (2017), au Salon du livre de Comodoro Rivadavia (2018), au Salon des éditeurs 2018, au Salon du livre de Villa Mercedes, San Luis (2018), Minga (Tandil 2019), à la dixième édition du Festival multidisciplinaire de littérature contemporaine « Bologna in Lettere » (Italie, 2021), à la XXXIe Journée de la poésie du Centro Provincial del Libro y la Literatura Sancti Spíritus (Cuba, novembre 2021), au Festival international de poésie de Buenos Aires (2021), entre autres.
Elle est titulaire d’un diplôme en relations publiques, d’une maîtrise en communication, culture et discours médiatiques à l’Université nationale de La Matanza et d’un diplôme de troisième cycle en opinion publique et communication politique à la FLACSO.