Beauté, suffisante beauté, beauté ultime
Des étoiles sans signifiance, sans mouvement
Yves Bonnefoy
La masse du soir s’impose
sur les mots humbles qui parlent d’un voyage.
C’est pourtant la distance qui nous définit,
pas les fondations d’une voix qui se veut vérité.
La terre manque toutefois d’amplitude
mais c’est nous qui dressons les barrières
en voulant définir les taches de lumière
qui sont, simplement, hasard sans volonté.
Marcher sans empressement, sans pause,
marcher peut-être hors de toute recherche,
en inertie au tropisme, mais pas en silence.
Peu importe le sens, les mots lus et oubliés :
il faut parler car vivre est faire semblant
de comprendre le temps pour être libre
et créer, et être dans l’autre, et le dire malgré tout
pour bâtir une demeure de songe, intangible,
dont les textures imagées nous ramènent à l’enfance.
Être est suffisant, et illusoire, et parole :
notre éloquence étreint les terres qu’on imagine
pour oublier la mort des hommes sans courage
qui vivent sans sentir et qui se taisent,
et qui blessent, inconsistants, la chaleur du monde.