Livia Léri, dont nous avions déjà publié trois poèmes (« Exils », « Dans l’ordre des choses » et « Bonnes résolutions ») en avril 2022, revient sur Oupoli avec ce poème.
Pierres
L’été est dense. La lumière réfracte sur les parois rocheuses nues. Pierre blanche qui aveugle. Peu de végétation. C’est l’heure calme du soleil à pic. Les prudents restent chez eux. Enfin, on n’entend plus les bribes du bavardage humain. On se centre sur l’essentiel.
Mais les pierres, elles, parlent à qui sait les entendre. Elles racontent les bêtes passées là, les bergers au pas lent et régulier, les tristesses des filles du hameau d’en bas. Elles savent les touffes de thym qui se profilent entre les blocs, leur odeur citronnée qui explose dans le plein après-midi. Le paysage est rude. La vie gagnera malgré tout.
Les pierres protègent aussi les sources. La chaleur verticale n’est pas parvenue à avaler les quelques gouttes que l’on entend sourdre entre les bouquets de buis. C’est une promesse. On cherche la fraîcheur. On déniche le filet d’eau entre les pierres. Il est si frêle. On sait que bientôt ce sera un ruisseau, puis qu’il tombera en cascade vers l’aval. On ose à peine en prélever quelques gouttes.
Livia Léri et Stéphanie Fonvielle – « Pierres » (création sonore)