Tous les livres sont des pop-up
Tous les livres sont des pop-up
Qui érigent une réalité
Par des phrases cordelières
Des mots arrosés du haut d’un beffroi
Dénigrant les folies d’insipide extase
Faisant de précieux tapis
Des tessons jonchant
L’essaim du monde
Huilant la mosaïque des sens
Balles rebondissantes sur
Un puzzle durci
Un patchwork dérisoire
Qu’abreuve la ronde
Des paroles ascendantes
***
L’absence
Le rêve du dormeur, transparence lavande où s’absorbe l’été.
Les insectes passeurs de rêve escortent l’inclinaison de la chaise longue.
Seule est nette comme un fanion terrien, la toile brique foncée, terre cuite,
terre de Sienne qui fait signe au tour de potier des songes, écho rond et
moelleux des chaussures.
L’homme s’assoupit confortablement, plonge dans le labyrinthe entrecroisé
du temps ; passé et futur se rejoignent dans la neutralité passive, la
résistance de tuilage du sommeil.
L’entonnoir de l’instant siphonne le toit en un magma évanescent.
Légèreté de lévitation, la croisière s’approfondit hauturière. La tiédeur
d’apesanteur de l’air filtre et fond les perceptions oniriques, la brise pousse
la balançoire du cocon lavande sur un voilier dégréé ; clapotis de
bercement dans le roulis, tapotement des drisses frottant le mât.
Le voisin du jardin bricole sur son bateau en ayant déjà pris la mer. Les
vagues se brisent et se retirent, se brisent et se retirent.
L’homme sombre dans son hamac suspendu entre la surdité des grands
fonds et la mosaïque des sons de la lumière.
***
Le croissant fertile de l’écriture
Le croissant fertile de l’écriture
Patine lune sur la page
Son bec d’oiseau calame
Crisse clarine des siècles
Au hameau des contrebas
Une fourmi solitaire
Suit le S de la route
V et virages d’ascendance
Vers les falaises sapinières
Un papillon sur la chaussette
L’épouvantail d’osier pêcheur de lettres
Le mouton couché se redresse figé statue
Tablette de cire ou de sable
Brouteuse de signes
Le chant du coq retentit cerné
Par l’aboiement du chien cosmographe
Derrière la forêt dense de l’alphabet
S’élève au-dessus du scarabée
Cimes d’échos des âges déhiscents
Sur le tas de bois bûches orthogonales
Entrecroisées abscisses et ordonnées
Des fibres papyrus survolées
Par les courbes des martinets
Tables de pierre et poutres anciennes
Grillons et ferrures
Le vent creuse des nids dans les nuages
Une odeur de métal descend le talus des attentes
L’été s’insinue entre les herbes touffues des prairies
Pâturage des densités vertes ras de prés
La rouille cartographie les hauteurs penchées
Tôles ondulées sur l’échelle de bois du temps
***
Marion Lafage
Animatrice d’ateliers d’écriture depuis 2017 (D.U. Aix-Marseille), Marion Lafage vit dans les
Hautes-Alpes. Poète invitée au Festival des Voix Vives de Sète en juillet 2023, elle a publié ses
poèmes dans diverses revues et anthologies (Décharge, Rumeurs, Teste, Bacchanales,
Embarquement poétique, etc…) et deux recueils chez Jacques André éditeur, Par Chemins et
Calames (2022) et Un Mixologiste en Montgolfière (2023). Chez Encres Vives, dans la collection
Encres Blanches, Le corps-artiste, écrits-danse (2024) et Incise à Venise (2025) dans la collection
Lieu. Elle aime mêler dans son écriture autant les arts que la nature dans les ateliers et les stages
qu’elle anime au sein de l’association Mots et Rhizomes. En 2025, elle publie également un récit,
Berlugane aux éditions du Chien qui passe. Lauréate du Premier Prix du concours de poésie l’Aleph – La Boucherie Littéraire “D’aprés photo” en juin 2025.
- Ecrits-Studio avec Patrick Dubost session été 2023 Lyon
- Festival Gratte-Monde novembre 2024 Saint-Martin d’Hères
- Maison de la Poésie en Rhône Alpes
https://youtu.be/c-wm5C0qBho - Voix Vives de Méditerranée 2023 – spectacle “Cocktails enchantés” 2023
https://youtu.be/CWm4Kt-Smeg
https://ram05.fr/podcasts/marque-page/n29-marion-lafage-2
