Poèmes inédits traduits par l’auteur
O LIVRO FECHADO
Havia um insecto morto quando abri o livro
esmagado entre o branco de uma página
e uma palavra ilegível na página seguinte
Sacudi o pó que fora vida e olhei a mancha
breve que ficou como uma marca
Quem escreveu o livro teve já há muito a sorte do insecto
e eu seu leitor à espera estou
que um outro livro se feche e me deixe nos braços
de uma frase intransitiva
LE LIVRE FERMÉ
Il y avait un insecte mort quand j’ouvris le livre
écrasé entre le blanc d'une page
et un mot illisible sur la page suivante
Je secouai la poussière qui fut vie et regardai la tache
brève qui en resta comme une marque
Celui qui écrivit le livre eut depuis longtemps la chance de l'insecte
et moi, son lecteur, j’attends
qu'un autre livre se ferme et me laisse dans les bras
d'une phrase intransitive
***
O POEMA 101 DE CATULO
(sobre a morte de um irmão do poeta)
Alguém o leu num latim que irradiava
incenso e cintilações de prata
como se um soberbo navio aos poucos
se afundasse com serena dignidade
e a mortalha do breu lentamente caísse
sobre todas as esperanças:
Quandoquidem fortuna mihi tete abstulit ipsum*
Que longe estavas, Catulo, a milhares de luas
sem que sequer o olhar húmido da tua Clodia
perpetuasse no seu odiamor o sabor dos céus
e o seu rosto novo, inseguro, reunisse
os juncos da paixão para gáudio dos corpos
O vento que sentias era trespassado pelas lamas do silêncio
o firmamento uma pesada concha que se abria em vão
Sem poderes desvelar o sentido último da cinza
na espessura inatingível apenas estavas tu
e as palavras, a noite e a solidão
*Desde que o destino te levou para longe de mim
LE POÈME 101 DE CATULLE
(sur la mort du frère du poète)
Quelqu'un l’a lu dans un latin irradiant
de l’encens et des étincelles d’argent
comme si un superbe navire coulait à fond
peu à peu avec une dignité sereine
et le linceul de ténèbres tombait lentement
sur tous les espoirs :
Quandquidem fortuna mihi tete abstulit ipsum*
Que tu étais loin, Catulle, à des milliers de lunes
sans que même le regard humide de ta Clodia
perpétuât dans sa haine-amour le goût des cieux
et que son visage nouveau, incertain, rassemblât
les joncs de la passion pour le plus grand plaisir des corps
Le vent que tu sentais était transpercé par les boues du silence
le firmament une lourde coquille qui s’ouvrait en vain
Sans que tu pusses dévoiler le sens ultime de la cendre
dans l'épaisseur inatteignable, toi seul y étais
et les mots, la nuit et la solitude
*Depuis que le destin t'emporta loin de moi
***
OS AVATARES DE NORMA JEAN (Marilyn Monroe)
A tristeza começou a ocupar-lhe a memória branca
quando o olhar dos lobos refervia
nos instantes de cegueira entre os perfumes
e as sílabas do corpo
A cidade era uma vertigem constante
um hotel de feridos armários
onde pombas ungidas por máscaras sufocantes
desapareciam dos lugares do coração
Os anos voaram entre vacuidades e pálpebras de neve
Desarmada punha os pés na pele das serpentes
animada pelas hélices do desejo
Na sua sombra habitava um mel desconhecido
porém a inocência é sempre removível
e deixa agonizar os aromas antigos
aqueles que acompanhavam os lugares da miséria
aninhando a estranheza no côncavo dos dias
Susana entre espelhos à solidão virava agora costas
sem ver os velhos que se babavam cortando-a como facas
Tarde demais soube que o que é demasiado antecipa o fim
Nas chagas desoladas do amanhecer
a alcova surda não juntava já os ecos do dia
o pranto secava devagar no silêncio fundo dos olhos
deixando como imagem última o relâmpago de um rosto
espezinhado pelo trabalho cego da morte
LES AVATARS DE NORMA JEAN (Marilyn Monroe)
La tristesse commença à occuper sa mémoire blanche
quand le regard des loups bouillonnait
dans les instants d’aveuglement entre les parfums
et les syllabes du corps
La ville était un vertige constant
un hôtel pour les blessés, des armoires
où des colombes ointes par des masques suffocants
disparaissaient des lieux du cœur
Les années volaient entre vacuités et paupières de neige
Désarmée elle mettait les pieds sur la peau des serpents
animée par les hélices du désir
Dans son ombre habitait un miel inconnu
pourtant l’innocence est toujours amovible
et laisse agoniser les arômes anciens
ceux qui accompagnaient les lieux de la misère
nichant l’étrangeté dans le creux des jours
Suzanne entre miroirs tournait maintenant le dos à la solitude
sans voir les vieillards qui bavaient en la coupant comme des couteaux
Trop tard elle sut que ce qui est de trop anticipe la fin
Dans les plaies désolées de l’aube
l’alcôve sourde ne rassemblait plus les échos du jour
les larmes séchaient lentement dans le silence profond des yeux
laissant comme image ultime l’éclair d’un visage
piétiné par le travail aveugle de la mort
***
José Manuel de Vasconcelos est né à Lisbonne. Poète, essayiste, critique littéraire et traducteur, il a publié divers recueils de poésie et anthologies de ses poèmes en français, corse, italien, allemand, slovène et roumain et certains poèmes sont traduits en espagnol, anglais, albanais, japonais et chinois. Il est vice-président de l’Association des Écrivains Portugais et membre du PEN Club. Il s’intéresse aussi à la littérature italienne, il a publié une anthologie du Futurisme italien, est collaborateur de l’Osservatorio Permanente Sugli Studi Pavesiani nel Mondo, et il a écrit et publié en Italie plusieurs essais sur Cesare Pavese. Il a traduit des poètes comme Federico García Lorca, Eugenio Montale, Umberto Saba et Paul Valéry, a participé à des colloques, congrès, festivals et rencontres poétiques au Portugal et dans d’autres pays. Il a reçu les prix SPA-Autores, Prix de poésie do PEN Club portugais et le prix italien Una Vita per la
Cultura.
