Non je ne voudrais pas m’en aller centenaire
Le cerveau en bouillie et les membres flétris
Peu de viande sur l’os offerte aux premiers vers
Qui déjà impatients de ma chair refroidie
Auront foré mon cœur mon foie et mes entrailles
En des repas visqueux englouti mes murailles
Dévoré peu à peu ce qui m’avait fait Homme
Qui ne fut point parfait mais un vivant debout
Un être de chemins de sentiers de ravine
Qui naquit d’une femme et non pas d’une pomme
Un homme de furie à l’âme trop câline
Qui put jouer du poing mais sut tendre la joue
Non je ne voudrais pas m’en aller centenaire
Moi je veux des regrets !… Pas qu’on se dise : Encore !
Toujours là le débris ? Toujours dans le décor ?
Vraiment il exagère ! Il ne manque pas d’air !…
Je veux mourir vivant et savoir que je meurs
En maudissant le ciel langue au cul de la mort
Et riant aux éclats pour oublier ma peur
Déflagration de vie épousailles d’enfer
Pour ma noce de nuit l’amour avec la mer
Une dernière fois l’ultime la fatale
Je ne veux pas tomber comme chute un pétale
Sans avoir décidé quand s’arrête mon cœur
Gérard Camoin