Morgane rouge
Sortir du nid de serpents
c’est parfois passer le TANT
Le tant mieux le tant pis
et le tant que ça dure
Indolente et douloureuse
de ce TANT-là épuisée
Fée MORGANE s’allonge
avec ses sœurs ponantes
qui guettent au salon ROUGE
le notaire l’ingénieur
et le chef de la clique
l’heure sonnante du sénateur
la couperose du charcutier
et la croix du curé discret
qui apporte des cierges
Et même certains soirs
à l’heure du chien qui pisse
la lance du poète aviné
à l’éponge d’un christ païen
qui pleure sur son sein
Et le poète dans ses sanglots
cherche ses mots Des mots d’amant
Des mots de poète Mais les mots
n’ont pas d’importance
La poésie est alchimie
mais aussi quête fantastique
Elle place des licornes au milieu des bœufs
et des nains de jardin parmi les korrigans
Écharpe rouge
Porter écharpe rouge
sur un veston noir
Mon signet
Mon plumet
Un signe à Durruti
Le col en fleur
rouge d’espoir
Porte-bonheur
des Seize de Lanti
Bateau-phare anglais
Scarweather
in Douarnenez
Et quand vient la saison
autre allure
Écharpe noire
Très cher Arthur
Autre signature
au bas de mon grimoire
Mais depuis quelques temps
rien n’est comme avant
Cher ami Paul
Plus le droit
de venir sous le vent
comme naguère
l’écharpe rouge
autour du col
Rouge de colère
comme la belle joue
d’Olympe de Gouges
Et cela me rend fou
Pour un autre on me prend
si je porte écharpe rouge
On me montre les dents
me désigne du doigt
me traite de bourgeois
Alors mon ami Bob
Mon tiroir coquelicot
d’écharpes rouges
de laine ou calicot
reste bien clos
Demain c’est la nuit rouge
Cher Marius Jacob
JOUE TUBULAIRE
J’ai la joue tubulaire
L’oreille de carton
Mon pauvre nez horsain
oui mais un sain nez drain
qui rougit à mon pied
d’un feu de poudrière
en tuyau de pompier
Plus rien ne me ressemble
Ma sale gueule en biais
Ma lèvre de travers
Toujours la gorge sèche
Je bois dans mon soulier
et j’ai la main qui tremble
sans taper le gorgeon
J’ai des idées bizarres
qui flottent dans mes voiles
en hachis Parmentier
J’ai du mal à comprendre
ce que disent les fées
Les fées douces et fraîches
pendues dans les haubans
Les fées hospitalières
aux rigolos cachets
refusent de descendre
et sèment des étoiles
dans mon ciel de lit blanc
Je pense à Balthazar
qui joue avec le vent
Mais le divin martien
qui passe le matin
dans son costume vert
qui fige son sourire
ne me dit presque rien
Non rien de rien de pire
À part que tout va bien
Pas qu’un peu mon neveu
Que tout ça est normal
Ma tête de cheval
et ma casaque bleue
Et qu’il faudra lui dire
si demain un jockey
me court dans la première
Il mettra un billet
Gérard Camoin – 22 janvier 2020 – Polyclinique Quimper Sud –