Poèmes de « Antónimo de Cobijo » (Ed.Lulu), traduits par Miguel Angel Real
EXILIO
Voy a dejar Madrid,
los bares donde naufragan mis barcos
en espuma de cerveza,
la estación,
la moneda en el estuche del violín,
la plaza desalojada de minutos
por orden municipal,
las madrugadas insomnes
en las que no hago
más que pensar en ti,
que ni siquiera sé dónde estás,
qué techo te cobija ahora,
qué tierra se te tragó.
Voy a dejar Madrid,
sus autobuses rojos
y mis prisas,
las sirenas
desde el segundo piso,
el patio interior
y la nevera vacía,
los poemas inacabados,
las seiscientas palabras
que se quedaron por el camino,
este cielo
que ya no está a gusto
con su noche.
Voy a dejar Madrid,
Tal y como queda tu recuerdo
en mi memoria,
-Intacto-
casi
como la habitación de un muerto,
esperando que vuelvas,
aunque ya no vuelvas.
EXIL
Je vais quitter Madrid,
les bars où s’échouent mes bateaux
dans la mousse de la bière,
la gare,
la pièce dans l’étui du violon,
la place dont on a délogé les minutes
par décret municipal,
les nuits d’insomnie
où je ne fais
que penser à toi,
car je ne sais même pas où tu es,
quel toit t’abrite maintenant,
quelle terre t’a avalé.
Je vais quitter Madrid,
ses autobus rouges
et mes urgences,
les sirènes
depuis le deuxième étage,
la cour intérieure
et le frigo vide,
les poèmes inachevés,
les six cent mots
restés en route,
ce ciel
qui n’est plus à l’aise
avec sa nuit.
Je vais quitter Madrid,
le laisser comme ton souvenir
dans ma mémoire
-intact-
presque
comme la chambre d’un mort,
en attendant que tu reviennes,
même si tu ne reviens pas.
***
DICIEMBRE
El señor del tiempo sentencia
que aquí, en mi país,
el invierno será más grave que en Estocolmo,
más certero,
más cruel,
con más puntería,
que hará tanto frío aquí donde no llega tu mirada,
ni la prolongación de tu abrazo después de necesitarlo tanto,
que a pesar de que el sol saldrá
apenas será un abrazo leve,
una mano sin un cuerpo que buscar bajo la ropa,
un triste beso en la frente.
El señor del tiempo sentencia
que el temporal no cesará sobre el mapa,
que será imposible
disolver diciembre en una sopa caliente,
resolverlo en una lluvia tras el cristal,
distraerlo en una cama para dos.
El señor del tiempo sentencia
que aquí, en mi país,
que aquí, en mi ciudad,
que aquí, en esta calle,
bajo este techo,
el invierno será mucho más grave que en Estocolmo,
más certero,
más cruel,
con más puntería.
***
DECEMBRE
Le présentateur météo stipule
qu’ici, dans mon pays,
l’hiver sera plus rigoureux qu’à Stockholm,
plus précis,
plus cruel,
plus adroit,
qu’il fera aussi froid ici où n’arrivent ni ton regard
ni le prolongement de ton étreinte après en avoir eu tant besoin,
que malgré le soleil qui se lèvera
ce sera une étreinte à peine légère,
une main sans un corps à chercher sous les vêtements,
un triste baiser sur le front.
Le présentateur météo stipule
que la tempête ne s’arrêtera pas sur la carte,
qu’il sera impossible
de dissoudre décembre dans une soupe chaude,
de le résoudre dans une pluie derrière la vitre,
de s’en amuser dans un lit pour deux.
Le présentateur météo stipule
qu’ici, dans mon pays,
qu’ici, dans ma ville,
qu’ici, dans cette rue,
sous ce toit,
l’hiver sera beaucoup plus rigoureux qu’à Stockholm,
plus précis,
plus cruel,
plus adroit.
***
DEUDAS
De deberte
creo que te lo debo todo,
este aire
que le faltaba a mis pulmones,
tu sabor a cobijo
cuando me besas,
la tierra
en la que te has convertido,
patria
donde amanece el alma
al otro lado del colchón.
De deberte
sé que te lo debo todo,
hombre
que me miras
mientras me desnudo,
que estás
allí y aquí siempre,
abrazo
que no olvido.
Te debo todas mis palabras,
-ya no sucede-
que este escritorio
parezca un abismo y duela.
DETTES
Te devoir,
je crois que je te dois tout,
cet air
qui manquait à mes poumons,
ton goût protecteur
quand tu m’embrasses ,
la terre
que tu es devenu,
patrie
où se lève l’âme
de l’autre côté du matelas.
Te devoir,
je sais que je te dois tout,
homme
qui me regardes
pendant que je me déshabille,
qui es
là-bas et ici toujours,
étreinte
que je n’oublie pas.
Je te dois toutes mes paroles,
-cela n’arrive plus-
que ce bureau
ressemble à un abîme et que cela fasse mal.
***
Marta Pumarega Rubio, (Madrid, 1976), auteure du livre de poèmes Antónimo de cobijo (Editorial Lulu) présenté par le poète Jesús Urceloy et d’un deuxième livre sur le point de naître intitulé : El cielo no es
azul. Elle a également participé à l’anthologie de poésie 54 poetas que corrieron la Maratón de Chicago (Editorial ARS POETICA-2018) et à différents événements en ligne comme le « IV Festival de Poesía el
Laboratorio de la Palabra » avec le poète Fran Ignacio Mendoza et à « La Poesía nunca cierra » avec le poète Agustín Córdoba García. Elle a également participé aux cycles de lecture du bar Aleatorio et a collaboré avec ses poèmes à la revue culturelle 142. Lauréate du concours visant à écrire un poème autour d’un tableau, pour l’exposition anthologique du peintre Juan Calderón Matador.