Traductions « valenciano »- français 8/11 – Manel Alonso

Traduction par Beatriz Marrodán Verdeguer et Miguel Angel Real

Manel Alonso (1962)

Absort

Absort mire com un vers,
d’una manera fictícia,
em va creixent a les mans,
s’escampa sobre el paper
amb un soroll mut de mots
que s’alcen i es deixen caure
en el lloc precís
conformant la imatge d’un oceà de tristesa.
El llisc en veu alta alhora que el vaig construint
i la cambra s’omple d’una novella melodia
que es marida amb el ritme ancestral
que marca la pluja en caure al terrat.

No sé si el que faig és cançó o poema
o potser només siga un vers
que el vent s’acabarà emportant
aquesta nit rúfola i humida.

Mire les meues mans tacades de tinta,
cada taca és un país perdut,
em torque la boca,
en la comissura dels llavis
em restava encara penjant un mot no dit.

Ébahi

Ébahi, je regarde comment un vers,
de manière fictive,
grandit dans mes mains,
se répand sur le papier
avec un bruit muet de mots
qui se dressent et se laissent tomber
au bon endroit
formant l’image d’un océan de tristesse.
Je le lis à haute voix pendant que je le construis
et la chambre se remplit d’une mélodie nouvelle
qui épouse le rythme ancestral
qu’impose la pluie qui tombe sur le toit.

Je ne sais pas si ce que je fais est une chanson ou unpoème
ou peut-être que c’est juste un vers
que le vent finira par emporter
en cette nuit nuageuse et humide.

Je regarde mes mains tachées d’encre,
chaque tache est un pays perdu,
j’essuie ma bouche,
au coin de mes lèvres
était toujours suspendue une parole non dite.