Extraits de Fabrication du garçon (éditions Abordo)
la joie
un fluide un serpentin
fait le tour de mon ventre
il veut séduire mes bras
caresser mes oreilles
il entre par ma bouche
et sort par mon nombril
ma cordelette
est sexy
et belle
comme le feu
elle me blanchit
et m’enroule
elle est un geste
très désiré
un délire
rigoureux
elle me fascine
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hiver
elle coule
la larme
le cœur de sel
suinte
la boule
roule
la lune est ronde
j’avale
la pluie
le ciel
se noie
comme un sanglot
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le Nombre
les boucles du fantasme
roulent
se déroulent
inaccessibles
nuages au ciel
d’en bas les regarder
languir
se consumer
ah les briser
les tordre les brûler
sur leurs ruines fumantes
comme un champ de bataille
les corps frottés
raclés
les étreintes forcées
comptées
la tyrannie du Nombre
s’essouffle avec le temps
et le corps se repose
le cœur se recompose
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la langue du sexe
avant l’anglais
les mâles adolescents
parlent l’inique langue du cul
grosse bite foutre et baiser
c’est une langue qui claque
et qu’à l’impératif
il leur faut conjuguer
suce-moi branle-moi
combien de fois ?
ne parle pas la bouche pleine
j’écoute et j’obéis
répétait Schéhérazade
et comme elle j’écoutais
aussi j’obéissais
j’inventais dans ma tête
des contes ahurissants
il fallait dire des trucs
vraiment dingues vraiment
ça n’a jamais marché
le soir je m’attendais
à voir ma tête tranchée
je suis vraiment idiot
Schéhérazade que puis-faire
le mâle est dur
et casse
la fille et le pédé
la mille et unième nuit
un homme nimbé de fleurs
vint me baiser la joue
le reste puis le cou
il me dit un poème
cette nuit j’oubliai
l’inique langue du cul
depuis j’écoute encore
mais je n’obéis plus
ses mots ses fleurs m’apprirent
l’exquise langue du sexe
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