
L’OuPoLi a le plaisir d’ouvrir une nouvelle section pour accueillir le travail de Beatriz Marrodán Verdeguer, poète et traductrice. Elle nous présentera des poètes qui s’expriment en valencià, la langue parlée en Espagne dans la Communauté Autonome de Valence ou Comunidad Valenciana.
Poèmes de María Beneyto, traduits par Beatriz Marrodán Verdeguer
L’ENGANY
Jo sóc la dona forta de la Santa Escriptura.
(Mai no hi hagué més feble, més humil criatura.)
Mai no hi hagué un silenci més compacte que el meu
tancant els camins vívids a més crescuda veu.
Ells em motegen freda, i serena, i valenta.
I estic plena de pànic i de tristor calenta.
Ells són sens rels pregones, i sens força i sens pau.
Ells són el covard sempre, o el dolent, o l’esclau.
Ells són els vents aqueixos que ajuden
tota flama,
ells, folls, els gots de l’ombra, la veu tensa que clama.
I jo no sé quin núvol equivocat i estrany
posà en mi l’aigua aquesta, de font que no em pertany.
Però mai no vaig dir-los: « Companys, també sóc terra.
De flama sóc i d’aigua, d’elements sempre en guerra… »
No els diguí la por meua a la nit, a la mort.
Prop de mi, no sabria que estic morint-me, el fort…
No és l’estil meu, sabeu-ho, lluir per la ferida
de la vida
LA TROMPERIE
Je suis la femme forte des Saintes Écritures.
(Jamais il n’y eut plus faible, plus humble créature.)
Jamais il n’y eut un silence plus compact que le mien
fermant les chemins vifs à une voix plus grande.
Ils me disent froide, sereine, et courageuse.
Et je suis pleine de panique et de tristesse brûlante.
Ils sont sans racines profondes, sans force et sans paix.
Ils sont toujours le lâche, le méchant, ou l’esclave.
Eux, ce sont ces vents qui attisent toute flamme,
eux, fous, les verres de l’ombre, la voix tendue qui crie.
Et moi, je ne sais quel nuage erroné et étrange
a mis en moi cette eau, d’une source qui ne m’appartient pas.
Mais jamais je ne leur ai dit : « Camarades, je suis aussi terre.
Je suis de flamme et d’eau, d’éléments toujours en guerre… »
Je ne leur ai pas dit ma peur de la nuit, de la mort.
Près de moi, celui qui est fort ne saurait que je suis en train de mourir…
Ce n’est pas mon style, sachez-le, de briller par la blessure
de la vie.
***
María Beneyto (València, 1920-2011) fut une poète et écrivaine valencienne de grande sensibilité, dont l’œuvre se déploie en castillan et en valencià. Figure marquante de la littérature de l’après-guerre, elle a su donner voix aux thèmes de la mémoire, de l’exil intérieur et de la condition féminine. En 2025, son héritage littéraire est honoré à travers l’Année María Beneyto.
