
Photographie : A. Rivière Kéraval
À terre Adélie
À l’orée de la forêt, dans les hauts de Montreux, feuillage d’automne et vue grise sur le
Léman. Il pleut.
Sous un toit protecteur, poutres imposantes, coussins à même le tapis, allongée près de la
cheminée, Adélie songe.
Et si le feu était humide, s’il flambait des particules de glace…
Une cendre gelée coule de l’âtre et trempe ses pieds.
Et si l’homme qui repose à mes côtés n’était pas sincère, s’il était autre…
Une vapeur d’eau fumée réveille son compagnon.
Le visage encore froissé et sec du sommeil brûlant, il regarde par la lucarne et ne comprend
pas les étincelles sous la pluie.
Fiévreuse, elle demande : « Pourquoi, dans nos cœurs, fait-il si froid ? »
Confondu, l’enjôleur siffle et éclate : « J’étouffe ! », puis part à la dérive se noyer dans les
braises.
Alice Pelletier, née le 30 décembre 1961 à Fribourg en Suisse, d’un père français et d’une mère autrichienne, est une passionnée des mots et des émotions. Se partageant entre l’évasion et la confrontation des réalités, elle explore la profondeur des sentiments humains à travers ses écrits.
« Je suis l’huile et le vinaigre, à mélanger pour en apprécier le goût. Parfois, il m’arrive de ne plus supporter cette combinaison de tolérance et d’absurdité. Et l’écriture, me direz-vous ? C’est le lien entre délivrance et captivité, liberté et soumission, danger et refuge, dehors et dedans, le rien et le tout. Elle est l’énergie qui assemble mes contradictions. »