LOUP POLI
OUPOLI
Ce qui ne nous regarde pas
derrière un miroir sans tain
où nous nous reflétons menant
notre propre interrogatoire de police,
Dieu.
OU POLI
Comme une porte de prison
poli comme un maton
devant son directoire,
ou poli comme la fenêtre grillagée
où l’humour pend son désespoir
pour le sécher,
poli comme un regard âgé
sur la rue dépavée,
poli comme idée fixe en tête,
poli comme un galet
loin des jours de tempête
au plus profond de la mer polypicturale
eaux douces des lits de rivière
jouant du scalaire au squale.
OUP AU LIT
Comme l’amour dans les étreintes
et comme l’acier en fusion
friction vs friction,
OUPOLI
La poésie n’est libre que dans ses contraintes,
Limon qui ouvre le fleuve à ses effusions
LA MER EST ÉPAVÉE DE BONNES INTENTIONS
La mer était pavée de bonnes intentions
Et d’orages dedans mâchant les fruits de la passion,
Messes basses de la marée haute, un missel
Pages-plages collées et rongées par le sel
De psaumes de falun,
Mer d’icebergs où dérivent fortunes et faims
La mer est épavée de bonnes intentions…
La mer lave à grande eau ses grands fonds de poubelle :
Limaille d’utopies, requins-marteaux, vieux clous rebelles,
Carcasses de moutons du ciel tombés à l’eau,
Diams et poussière de Titanic mégalos
Sous tapis organique,
La mer brasse sans fin ses limons éclectiques
La mer lave à grande eau ses grands fonds de poubelle…
La mer est un éboueur à la peau noir d’ébène
Travailleuse immigrée debout derrière un camion-benne,
Ses longs bras épuisés soulevant par leurs anses
En passe de rupture les déchets d’abondance
Des riches continents,
La mer est immigrée ramant sur des volcans
La mer est un éboueur en bleu acétylène…
Îles de PVC, bouteilles à la mer
L’époque n’attend plus que son nouveau polyhomère !
On prend la mer comme une purge sans remède
Comme on sort la poubelle aux relents de Club Med,
Progrès de l’odyssée !
L’envie défait son nœud aux mouchoirs des glaciers
Ou à celui de Baudelaire :
« Homme libre, toujours tu chériras la mer ! »
SUD-OUEST
Las des brumes de Saint-Malo
Et des embruns des bars de Brest
En rêvant de Côte Vermeille
Tu es parti vers le soleil,
Comme on met dans son vin de l’eau
Tu as mis du sud dans ton ouest
Mon copain l’alcolo…
Du chouchen du soleil couchant
Au pastis de son plein estuaire
Chaque alcool est île d’Ouessant
Laissant, solo
Ta soif au sud du Finistère
Du coup, tu prends l’accent pruneau
Cowboy à jeun, peau rouge à Dax
Tu pistes les tribus Rugby
Des essais dans tes « let it be »
Que tu transformes sous Bordeaux,
Le sud fait chalouper ton axe
Mon copain l’alcolo…
Du chouchen du soleil couchant
Au pastis de son plein estuaire
Chaque alcool est île d’Ouessant
Laissant, solo
Ta soif au sud du Finistère
Mais tu n’atteindras pas l’Hérault
La mer te rend anorexique
Ta soif se gonfle d’océan,
Le sud devient fugace et en
Remettant de l’ouest dans ton ho-
rizon, tu guignes le Mexique…
Tequila, ultime frontière
Avec tout le sel de la terre
Pour le citron vert du galop
Et tout l’espace au bord du verre
Que tu feras chanter d’un doigt,
C’est le monde entier qui te boit
Mon copain l’alcolo.
RECETTE DU KER OAK
Patrick Duchêne (alias Oak) est un quatre-quarts breton en devenir: ¼ tête d’œuf parisien, ¼ sucre (complètement) fondu savoyard, ¼ farine incomplète de la Loire et, du moins il l’espère, un bon quart beurre demi-sel de Bretagne.
Il se réalisa pour un quart en fœtus, bébé, ado puis dessinateur de presse jusqu’à épuisement de Longwy, du graphite et de l’humour, dans un XXème siècle qui en avait de moins en moins ; pour un autre quart, en jeune homme glandeur et multi-petits boulots jusqu’à ce que, las de multi-glandoboulonner, il ne se décide, homme déjà un peu mûr, à se réaliser dans la projection des réalisations des autres comme opérateur cinéma ; ceci (3ème quart) jusqu’à ce que les galettes de film, triacétate ou polyester, ne soient mises au rancard par le numérique.
Il écrit désormais des textes de chansons (tendance Queneau / Pérec / Vian – toutes proportions gardées!) qui lui permettent de remercier ses parents, de lui avoir appris à aller sur l’Oulipo, joue sur les mots ou laisse les mots se jouer de lui, acrostiche voire contrepète et pire ! Il irait jusqu’à manier la diérèse (ce que dénonce cet alexandrin secret).