Traduction par Beatriz Marrodán Verdeguer et Miguel Angel Real
Joan Fuster (1922-1992)
No sé si m’estimaves
No sé si m’estimaves: t’estimava
i això era tot, i això era prou, i els dies
obraven per a mi racons tendríssims.
T’estimava amb les hores i amb el somni,
i et cantava, i passaves, i abril queia,
i et sabia ma carn meravellada.
Sí, t’estimava lentament i sorda.
Com s’estimen les coses marcescibles.
Com s’aprèn l’idioma de l’absència.
Je ne sais pas si tu m’aimais
Je ne sais pas si tu m’aimais : moi je t’aimais
et c’était tout, et c’était suffisant, et les jours
façonnaient pour moi des coins très tendres.
Je t’aimais avec les heures et avec le sommeil,
et je chantais pour toi, et tu passais, et avril tombait,
et ma chair émerveillée t’a goûtée.
Oui, je t’aimais lentement, sourdement.
Comme on aime les choses qui flétrissent.
Comme on apprend le langage de l’absence.