Tout ce qui revient de l’ennui
Justice du figuier ou de l’érable ?
Tu ne choisiras pas, brassant les copeaux de solitude.
Tu parcours le labyrinthe où confier les coins au surplomb des contradictions.
Le scribe scrute les racines, à la recherche de sa voix et de ses masques.
Au milieu d’une gamme scintillante de présences factices, les illusions laissent s’échapper des transformations, semées cailloux sur la sente d’aimantation initiatique des contes.
La ronde descend ou remonte en spirales selon la prise au vent, la façon dont les drisses tintent au fond de la mémoire.
A chaque nouvelle sortie du port sur le cahier des lignes et des vagues, l’écume de mer revue sur le quai des découvertes, nettoyée avec le soin pris pour les souvenirs précieux.
La grue du temps tourne non loin, grand pistolet urbain. Toupie de ville insensible, pouvoir d’immobilité qui disparaîtra pour renaître plus haut dans le champs élyséen des hautes éoliennes.
Les laves éruptives ne finissent-elles pas par refroidir en cendres durcies ?
La question est alors de pouvoir reprendre pied dessus, se déplacer sur des pentes pacifiées. Dépasser le figement, aller de fumerolle en fumerolle, dans la caldera des micro-organismes adaptés aux conditions extrêmes, et sonder tel Trophonios, l’envers du monde visible. L’ébène du jour sous la gelée blanche du toit écailles de tortue.
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Sur des tableaux d’Ann-Eva Bergman
Hamlet, cette autre lune
Flottante forme d’or
Sur l’horizon noir
Les lignes se dressent à pic
Contre le labyrinthe
Sinuent, s’enroulent, se croisent
A l’infini se recoupent
Dans ton esprit
Où les couleurs toujours
Décident du fond à venir
Les oiseaux continuent
Leur lutte nourricière
Sur la balustrade détrempée
Le ciel a absorbé les montagnes
Les becs cognent
Les pattes s’agrippent
Aux barres métalliques
L’équilibre se trouve
A une certaine hauteur
S’arrête point des transmissions
La diagonale de clairvoyance
S’oriente en vague vers la clarté
Passe du violet sombre
Au vert numineux
Un fantôme vient parler
Au voyant de questions
Essentielles
Entrouvre le sens
Des formes géométriques
Sinuant dans la couleur
La ligne claire sous le marbré
Rayon de lumière horizontal
Entre la terre et l’espace stellaire
L’astéroïde doré
Un palimpseste sidéral
Au coeur entaillé
Pierre de silence
De reflets faramineux
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Le grain de blé dans la valise
Tombé du sablier d’été
Comme une clochette
Dans un tambourin
En premier s’effondre
La statue d’Agamemnon
Avant le gardien des anges
De pierre du jardin
Puis les vendangeurs des sentiments
Célèbrent la fin de leur labeur
Entonnent un chant allégorique
De la paix et de la guerre
Épuisement indigo
Des pelures d’âpreté
Crépuscule des idoles
Dans un dernier salut au monde
« Lézards et geckos dans la fissure du mur »
« un liseré de mer bleu-argent »
Yannis Ritsos
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Animatrice d’ateliers d’écriture depuis 2017 (D.U. Aix-Marseille), Marion Lafage vit dans les Hautes-Alpes. Poète invitée au Festival des Voix Vives de Sète en juillet 2023, elle a publié dans diverses revues puis deux recueils chez Jacques André éditeur, Par Chemins et Calames (2022) et Un Mixologiste en Montgolfière (2023). Elle a participé au collectif Ecrits-Studio de Patrick Dubost et à plusieurs scènes de lecture publique en collaboration avec des musiciens. Elle aime mêler à l’écriture autant les arts que la nature dans les ateliers et les stages qu’elle anime au sein de l’association Mots et Rhizomes.