Ivresse
La mâchoire s’assouplit ma bouche esquisse un sourire
grisé par la violette et les rires amis
je savoure l’insolente fragrance des voyages infinis
Quand un éclair rosit les nuages
le guillemot s’envole avant l’orage
et les joies passées gravent sur mon sein les plus folles estampes
et les doigts de l’absente échauffent mes joues
et tes lèvres soulèvent mes cils
et sous la mandragore mon philtre perdure
et du néant émerge le galop des fidèles
familier
impétueux
inaltérable
et ma bougie défie les longs sentiers de l’obscur
et ton chant couvre les funestes oracles
impuissante l’angoisse s’agite comme une vilaine poussière
au plus haut des airs
l’aigle me convoque
et mon sourire libre s’élève
troue les nuages éphémères
nargue la lune
se joue des astres lointains
Et l’infini à minuit
Éternise l’éclat
de l’instant
***
Promesse
Porté par les nymphéas ton ventre nu et rond
flotte sur moi bercé par l’onde
Les longs pétales déploient leurs ailes comme pour accueillir
le fruit sucré de tes entrailles lui offrir une place de choix
que même la grenouille enfuie semble lui envier
déjà
Sous ton ventre nu et rond mes pieds plissent le courant
Et je pose une main sous le berceau tranquille
Souris de cette promesse offerte par une fleur couchée sur l’eau claire
***
Adage
Le corps tourne comme une pièce lancée
Soulevée la soliste volte puis se pose
La jambe glisse dessinant l’adage
L’épaule se courbe émerge au gré des collisions
furtives
Dans l’ombre un éclair rythme le hasard
De graciles faisceaux suspendent le geste
Lents les genoux flanchent les bras s’étendent
Et dans l’espace nébuleux de l’intranquillité
les yeux parlent
aux yeux
