
Traduction par Miguel Ángel Real
Vasto mar de muerte
Golpe de remos
frente a la ventana de Jacques Cousteau,
él hubiera sabido qué decir
tartamudeando,
hubiera sabido beber
del mar sin morir
en la luz dura que refleja
el desequilibrio
dentro rostros de autómatas
que viven arrojando desperdicios
a través del tiempo.
Se dice muchas veces
“Es mejor estar solo
que mal acompañado “
pero nadie realmente quiere
estar solo y muchos se acompañan
de plásticos muertos y maniquíes,
subidos a la vida por una playa de presunción.
Con la hipótesis de salvar la destrucción
de los perdidos cuadernos donde se escribe
de especies marinas ya inexistentes,
de grandes camarones llevados por la corriente,
encerrados en botellas de plástico,
no deberíamos salvarnos
en todo lo que ya hemos perdido.
Entonces observamos
y nos quedamos ahí,
penetrados por las cenizas dejadas
de la pesca abusiva,
huesos sin vida inertes
de grandes pescados,
abrazados antes del último instante.
El mundo que era antes
lleno de preñez en su bolsillo,
ahora lleno de manchas de petróleo amarillo,
nos obliga a cocinar distancias raras
para ver un poco de trasparencia.
Proclaman los expertos
la emergencia, y nosotros pobres
en el abandono, no escuchamos
la súplica de esta tierra estéril profanada,
sacudimos los hombros:
no, no es culpa tuya
no, no es culpa mía
si la hondura de la huella que se nutre
de flagelación burla
la culpa que cargamos
sobre la cruz y el agua.
Vaste mer de mort
Coup de rame
devant la fenêtre de Jacques Cousteau,
il aurait su quoi dire
en bégayant,
il aurait su boire
dans la mer sans mourir
sous la lumière crue qui reflète
le déséquilibre
dans les visages des automates
qui vivent en jetant des déchets
à travers le temps.
On dit souvent
« Mieux vaut être seul
que mal accompagné »
mais personne ne veut vraiment
être seul et beaucoup sont accompagnés
de plastiques morts et de mannequins,
ramenés à la vie par une plage de présomption.
Avec l’hypothèse de sauver la destruction
des carnets perdus où l’on écrit
sur des espèces marines qui n’existent plus,
sur de grosses crevettes emportées par le courant,
enfermées dans des bouteilles en plastique,
nous ne devrions pas nous sauver nous-mêmes
dans tout ce que nous avons déjà perdu.
Alors nous regardons
et nous restons là,
pénétrés par les cendres laissées
par la pêche abusive,
ossements inertes et sans vie
de grands poissons,
embrassés avant le dernier instant.
Le monde d’avant
plein de grossesse dans sa poche,
maintenant plein de taches de pétrole jaune,
nous oblige à cuisiner d’étranges distances
pour voir un peu de transparence.
Les experts proclament
l’urgence, et nous, pauvres gens
à l’abandon, nous n’écoutons pas
l’appel de cette terre stérile profanée,
nous secouons les épaules :
non, ce n’est pas ta faute
non, ce n’est pas ma faute
si les profondeurs de la trace qui se nourrit
de la flagellation se moque
de la culpabilité que nous portons
sur la croix et sur l’eau.
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Destinación
Suenan campanas del medioevo
extraviadas,
me oriento con los relictos,
cadáveres que rezando
encuentran la fe
besando los labios
de las olas que desbordan
sobre la mustia saliva que refleja
el miedo que no tuvo
la habilidad de la fuga.
Me oriento
y los cadáveres que rezan
ya sin fe retornan
al miedo de este océano
donde fueron pobres, felices e infelices.
Me oriento
y viene una neblina
de no sé dónde,
son funestas visiones de agua
harta ya de sí misma.
Eternas reverberaciones
que esconden los motivos de las migraciones
y detrás de los escollos
los ahogados
son una ración de pan
para los peces.
Destination
Les cloches du Moyen-Âge sonnent
égarées,
je m’oriente avec les reliques,
des cadavres qui en priant
retrouvent la foi
en embrassant les lèvres
des vagues qui débordent
sur la salive flétrie qui reflète
la peur qui n’a pas eu
la capacité de fuir.
Je m’oriente
et les cadavres qui prient
désormais sans foi reviennent
à la peur de cet océan
où ils furent pauvres, heureux et malheureux.
Je m’oriente
et une brume vient
de je ne sais où,
ce sont des visions funestes de l’eau
finalement lasse d’elle-même.
Des réverbérations éternelles
qui cachent les raisons des migrations
et derrière les récifs
les noyés
sont une ration de pain
pour les poissons.
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Deseo
Quiero adoptar un perro
para pasear por esta ciudad inerte,
para evitar confundirme
con la muchedumbre, que no sabe
ser muchedumbre.
Quiero adoptar un perro
que sea solo mío,
para no ser de nadie,
de ninguna raza,
de ningún dueño.
Un bastardo como yo
para ladrar a las sombras.
Quiero adoptar un perro
para verme con él,
en la sombra del puente,
para descifrar mi norte,
cuando él mueve la cola
y flotar junto al viento
y todas sus corrientes.
Souhait
Je veux adopter un chien
pour me promener dans cette ville inerte,
pour éviter de me confondre
avec la foule qui ne sait pas
être une foule.
Je veux adopter un chien
qui ne sera qu’à moi,
pour n’appartenir à personne,
d’aucune race,
d’aucun maître.
Un bâtard comme moi
pour aboyer contre les ombres.
Je veux adopter un chien
pour me voir avec lui,
dans l’ombre du pont,
pour déchiffrer mon nord,
quand il remue la queue
et flotter avec le vent
et tous ses courants.
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Yuleisy Cruz Lezcano. Née à Cuba le 13 mars 1973, elle vit à Marzabotto (Bologne, Italie). Elle travaille dans le domaine de la santé publique en Italie, où elle réside depuis ses 18 ans.
Son dernier livre Doble acento para un naufragio, 2023 (espagnol – portugais) a été publié au Portugal: –
Autres publications : –L’infanzia dell’erba, 2021. Demamah : il signore del deserto – Demamah : le seigneur du désert, 2019. Inventario delle cose perdute , 2018, Tristano e Isotta. La storia si ripete , 2018 Fotogrammi di confine, 2017, Soffio di anime erranti, 2017, Frammenti di sol e nebbia sull’Appennino, 2016. Credibili incertezze, 2016, Due amanti noi, 2015, Piccoli fermioni d’amore, 2015, Sensi da sfogliare , 2014, Tracce di semi sonori con i colori della vita, 2014, Cuori Attorno a una favola , 2014, Vita su un ponte di legno, 2014, Journal d’un hypocrite, 2014, Fra distruzione e rinascita : la vita, 2014, Pensieri trasognati per un sogno, 2013
Sa poésie est présente dans diverses anthologies et revues en Italie et à l’étranger et a été traduite en plusieurs langues. Elle collabore avec plusieurs revues littéraires espagnoles et latino-américaines, où elle publie ses propres articles et ses traductions d’auteurs italiens, afin de diffuser et de faire connaître la poésie italienne à l’étranger.
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