Augustin Petit – Contre nature

Photographie : A. Rivière Kéraval

moitié

arête de roche
roche
de part et d’autre vidée de roche
abîme
gorgée de zef de tourbillons de vent
abîme / crête / abîme
et moi là
moi corps quatre pattes corseté emmailloté
ni façon lézard ni nourrisson non
façon table basse lourde et roide
moi là
déposé
façon table basse de la veille
table basse et gueule de bois
arrêt sur arête
arrêté par charge contre moi
par charge qui pèse
pas façon police papiers veuillez descendre du véhicule et décliner identité
façon charge bouche et gueule pâteuse
façon face contre terre
déclivité à déglinguer l’oreille interne / le crâne / mâchoires serrées serrer les dents pas déglutir.
charge d’attractivité.
moi qui refuse l’avance du vide qui m’aime et qui me dit
viens!
moi là
à pas précipiter les choses.
mes mains me servent de pieds
mes mains servent comme des pieds
mes pieds qui traînent des pieds
moi me love à toi et crie
à bas tes échancrures
tes précipices
trop profonds pour être vrais
rien qu’à l’idée d’avancer je grave granits d’empreintes tremblées
j’envoie en émissaire mes sueurs qui perlent qu’éclatent qui suintent et chargent mes fringues
d’odeurs de rance.
heure grave de gravité
plus moyen de quoi que ce soit ici bas
vide intérieur
dégonflé d’extérieur vide
baudruche sans rien dans l’ventre
sans rien qui vaille
immobilité
sommé en somme de
débarrasser l’plancher
moi vain et éventé perché malgré moi
moi table basse aux gueules et jambes de bois
sombre partisan de l’arrêt
terni d’éternité
à n’espérer qu’hélitreuillage
trac plein pot trac non tracté
décharge à racheter la moindre faute
buté à même la butte
crocheté contre elle
à crocs terrés
atterré à l’idée d’la voix sans issue du vent
arc-bouté sur millimétré des IGN au 1/25000 ème
à bout
courbé quatre pattes sur mon niveau de lisibilité
arrêté sans mobile sur incertitude des arêtes de roches
moi diminué de moitié
mi peur mi pitié
prêt à lâcher l’autre demi portion arc boutée contre paroi
prêt à tout lâcher
pour en finir
enfin


Augustin Petit vit en Normandie. Professeur d’EPS le jour, il écrit, le plus souvent la nuit, à la lumière d’une frontale rouge. Travaillé par l’inconfort des corps, par les tensions sociales, il entretient avec ses textes une relation physique proche du corps à corps avant de les lire ou de les diffuser dans diverses revues telles que Dissonances (n°39, 41 et 45), :Arts:publics: (n°1 et 2), Traction Brabant (n°108), Pourtant (n°9), Lichen (n°95 et 99) …

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