Traductions – Luis Ramos de la Torre

LUIS RAMOS DE LA TORRE
Poèmes de Urgencia de lo minucioso (Ed. Lastura, 2021)

Traduction par Miguel Angel Real

Para Amanda

Aunque la tierra se desborde
en su abrazo de monte y abra el surco,

aunque se cierna sin demora, alerta,
sobre el viento que la bendice en grano y enarbole
lo multiplicador del tallo más dispuesto,

aunque prospere la vida y se extienda,
y en sus hechuras crezca y se avejente,

ahí,
frente a nosotros, sigue, nieva,
el sonido blanco que llega entre las voces
nuevas de los niños,
el cerro claro
de la palabra inquieta haciéndose milagro;

y los patios y las calles de siempre toman
la vida franca de esa algarabía
y se tornan sencillos como el aire mismo.

Dicen que ya no se canta en los patios como antes,
que los niños rondan peligrosamente
por las vías de un tren fantasma equivocado,
pero a ver quién es el primero,
quién se atreve,
a ponerle bridas a este potro sin freno,
a este brío de vida desbocado,
que brinca en las aceras del aire remozándonos.

(bridas)

 

Pour Amanda

Même si la terre déborde
dans son étreinte montagneuse et qu’elle ouvre le sillon,

même si elle tourne sans délai, en alerte,
sur le vent qui bénit ses graines et qu’elle brandit
la ferme volonté multiplicatrice de la tige,

même si la vie prospère et se propage,
et que sa tenue grandit et qu’elle vieillit,

là,
      devant nous, il continue, il neige,
le son blanc qui arrive parmi les voix
nouvelles des enfants,
la colline claire
de la parole inquiète qui devient un miracle ;

et les cours et les rues de toujours prennent
la vie franche de cette agitation
et deviennent aussi simples que l’air lui-même.

On dit que l’on ne chante plus dans les cours comme autrefois,
que les enfants errent dangereusement
sur les rails d’un train fantôme détourné,
mais voyons qui est le premier,
                                                           qui ose
mettre des brides à ce poulain sans retenue,
à ce brio effréné de la vie,
qui saute sur les trottoirs de l’air et nous fait rajeunir.

(brides)

****

Todo es sutura, todo espera,
todo
tarea diaria contra las cicatrices,
y ahí sigue la edad mirándonos de frente.

Pero es que cada vez nos cuesta más
hacernos al compás de su aventura.
¿Cuándo se cerrará por fin la herida?

¡Qué no se nos note nunca la cobardía,
jamás las señas,
nunca las dudas!

Un poco de aire diferente nos vendría bien
para avivar los días y olvidar el miedo.

(costumbre)

 

Tout est suture et attente,
                                                     tout est
une tâche quotidienne contre les cicatrices,
et voilà l’âge qui nous regarde toujours en face.

Mais il nous est de plus en plus difficile
de suivre le rythme de son aventure.
Quand la blessure se refermera-t-elle enfin ?

Que notre lâcheté ne se montre jamais,
jamais les signes,
                                      jamais les doutes !
Un peu d’air différent nous ferait du bien
pour raviver les journées et oublier la peur.

(habitude)

 

***

 

Todo sin honradez es huero y es gusano.
El hilo peculiar del ruido,
el ritmo del silencio sirgador,
la minúscula relojería del aire.

Todo es gusano, hechicería,
hueco.
La mesura, la limpieza del resorte que ahíla
el aliento intranquilo de la tarde,
el mecanismo del sosiego.
Todo
se evapora herido si abandonamos
la justicia serena, la sabiduría
que viene de los verbos que atesoran lo humano.

(hechicería)

 

Tout ce qui n’est pas honnête est creux et vermoulu.
Le fil particulier du bruit,
le rythme d’un silence qui nous hale,
l’horlogerie minuscule de l’air.

Tout est ver, sorcellerie,
                                       creux.
La mesure, la propreté du ressort qui réunit
le souffle agité de l’après-midi,
le mécanisme de la tranquillité.
                                                      Tout
s’évapore blessé si nous abandonnons
la justice sereine, la sagesse
qui vient des verbes qui chérissent l’humain.

(sorcellerie)

 

 

***

LUIS RAMOS DE LA TORRE (Zamora, 1956) Docteur en philosophie, écrivain et musicien. Il est membre fondateur du Seminario Permanente Claudio Rodríguez et spécialiste de son œuvre. Il a écrit les recueils : Por el aire del árbol et De semilla de manzana (Semuret, 2002), Entre cunetas (Baile del Sol, 2015), Nubes de evolución (PiEdiciones, 2017), Del polen al hielo (Baile del Sol, 2017), Lo lento (Lastura, 2019), El dilema del aire (Reino de Cordelia, 2020, Prix de Poésie Ciudad de Salamanca 2020), Urgencia de lo minucioso (Lastura, 2021) et le livre de sonnets Mientras pueda decir (Baile del Sol, 2022) ; les essais El sacramento de la materia (Poesía y salvación en Claudio Rodríguez) (PiEdiciones, 2017) et Hacia lo verdadero (Cercanías a la vida y al arte en la poesía de Claudio Rodríguez) (Chamán, 2022) et le recueil de nouvelles Con los ojos del frío (Lastura, 2021).
Il a également enregistré les albums La canción que cantábamos juntos (Madrid, 2001) et Por arroyo y senda (Madrid, 2003) sur différents poètes, ainsi que El aire de lo sencillo (Urueña, 2007) sur des poèmes de Claudio Rodríguez.