à la manière de François Villon

Frères immuns qui après nous vivez
Ne raillez pas nos cervelles racornies
Mais puissiez-vous, au contraire, raviver
Nos cœurs asséchés et chairs amollies.
Voyez-nous, minés par la pandémie :
Ce monde si beau que nous avons régi
Est à présent rompu, à l’agonie.
Nous n’avons plus que poussière à moudre :
Nous nous sommes vendus, aveulis, maudits…
Que le Feu d’Enfer veuille tous nous dissoudre !
Nous, anciens frères de l’humaine société,
Jugez l’ampleur de notre ignominie :
Dévorés de lucre et d’avidité,
Ne méritons-pas d’être enfin punis,
Chassés de la Terre, à jamais bannis ?
Voyez-nous, sans vaccin d’Hégémonie,
Dessaisis de notre Suprématie !
Dieux pélagiques, faites le magma sourdre
Des anciens volcans trop tôt refroidis…
Que le feu d’Enfer veuille tous nous dissoudre !
Frères immuns, qui après nous vivez
Ne moquez pas notre faiblesse d’esprit
Mais veillez surtout à vous préserver
De notre incorrigible impéritie.
Voyez-nous, rongés par la maladie :
Décimés par l’affreuse Pandémonie,
Poumons atteints de fatale asphyxie
Qu’on ne peut crever ni recoudre.
Fuyez notre infectieuse compagnie…
Que le Feu d’Enfer veuille tous nous dissoudre !
Dieux du ciel, témoins de notre incurie,
Mettez donc fin à cette supercherie :
Faites venir l’Orage, tomber la foudre
Au Paradis des Supertricheries…
Et que le Feu d’Enfer veuille nous dissoudre !
Rémy Leboissetier (écrit au cours de la période Covid-19)