La clarté consiste parfois à dire ses quatre vérités au monde sans éclaboussures de jade.
J’aimerais faire partie de ceux qui savent renoncer aux métaphores
pour mieux nous fouetter
parler de la peur qui étend ses racines parmi nous
sans avoir besoin d’échafauder une équation maladroite
dire que la paresse nous gagne et que notre révolte est doucement endormie
lovée entre nos quatre coussins Ikéa.
Mais parfois j’ai aussi envie de dire
le métal fondu de notre égoïsme nous scelle les paupières
et nous éviscère avec une certaine complaisance de notre part.
Pendant que nos enfants comprennent
que nous pensons que ce monde est une dune infranchissable
et nous montrent à travers leurs angoisses l’immobilisme qui nous habille et qui nous coiffe,
nous nouveaux prophètes nous répètent la même cantilène
et nous rendent coupables de leur propre impuissance.
Et cachés sous la couette nous les contemplons
comme si nous avions trouvé un abri antiatomique de coton et d’air.
On remarque aussi, toujours dans un besoin de clarté,
que les peurs de nos enfants, leur rage, est notre meilleur prétexte pour passer notre tour.
Mais je ne sais pas le dire ainsi.
Je préfère
les touches élimées du piano auscultent les mains d’un musicien trop stressé pour être honnête :
le concert est un désastre
ou encore
à foison les foules boivent leur thé brûlant sur les fondations d’un vaisseau écartelé
Miguel Angel Real