Traductions – Maelenn Bernard

Abrimos hoy nuestra sección bilingüe francés-español con  MAELENN BERNARD. En su libro  “A la folie, mon amour” (RAZ éditions, Francia, 2021) conviven la prosa y la poesía para reivindicar la libertad y la dignidad de una mujer maltratada.

El libro puede adquirirse en este enlace:  https://razeditions.jimdofree.com/catalogue/collection-raz/maelenn-bernard/

Traducción de Miguel Angel Real
Con la amable autorización del editor

 

On s’oublie, on s’oublie, on s’oublie…
Et puis, comment on se retrouve ?
Je me suis cachée au fond d’un trou, pour ne plus me voir.
Tellement j’avais honte.
Tellement j’avais mal.
Et maintenant que je dois revivre…
Je suis où ?
Je me suis enterrée sous les cailloux.
Au milieu de nulle part, au fond de la steppe, entre les cactus et la jarilla.
Là où le soleil est rouge le soir.
Loin, si loin, au milieu de rien.
J’y étais bien, parfois.
Ça pique, ça brûle. Les pierres sont dures.
On se sent vivant, quand on a mal. La passion, la folie…
C’est grisant.
On souffre. On hurle, on se déchaîne.
On tape contre le mur.
On aime à s’en arracher les tripes.
Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à arracher.
Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien
à aimer.

Una se deja llevar, llevar, llevar…
Y después, ¿cómo vuelves a encontrarte?
Me escondí en el fondo de un agujero, para no verme más.
De la vergüenza que sentía.
Del dolor.
Y ahora que tengo que vivir de nuevo…
¿Dónde estoy?
Me enterré bajo las rocas.
En medio de ninguna parte, en la profundidad de la estepa, entre los cactus y la jarilla.
Donde el sol es rojo al atardecer.
Lejos, muy lejos, en medio de la nada.
A veces me sentía bien allí.
Pica, quema. Las piedras son duras.
Te sientes viva cuando te duele. La pasión, la locura…
Es embriagador.
Sufres. Gritas, te enfureces.
Golpeas contra la pared.
Amas tanto que te arrancarías las tripas.
Hasta que no quede nada que arrancar.
Hasta que no quede nada
que amar.

**

Tu m’as humiliée.
Tu m’as fait accepter l’inacceptable.
Tu m’as attrapée par la gorge et tu m’as fait croire que je l’avais bien mérité.
Tout,
je l’avais bien mérité.
La jalousie.
Les insultes.
Combien de fois j’ai voulu te frapper.
Combien de fois j’ai voulu mourir.
Je ne sais pas comment j’ai pu t’aimer.
Tout de toi
me dégoûte.
Je suis en colère.
Je suis en rage.
Contre toi.
Je sais que je dois me libérer.
Que si je continue d’avoir peur, que si je commence à te haïr,
tu me garderas enchaînée.
Prisonnière.
Esclave.
Comme quand tu m’appelais
« Mon amour »
Je ne suis pas ton amour ni ne serai l’amour de personne.
Je suis et resterai mon seul amour.
Je suis la seule à savoir m’aimer
comme je le mérite.
Plus jamais un supposé amour ne me tuera.
L’enfer à tes côtés fut
trop douloureux.

Me humillaste.
Me hiciste aceptar lo inaceptable.
Me agarraste por el cuello y me hiciste creer que me lo merecía.
Todo,
me lo merecía.
Los celos.
Los insultos.
Cuántas veces quise golpearte.
Cuántas veces quise morir.
No sé cómo pude amarte.
Me repugna
todo en ti.
Estoy enfadada.
Siento rabia.
Contra ti.
Sé que tengo que liberarme.
Que si sigo teniendo miedo, si empiezo a odiarte,
me mantendrás encadenada.
Prisionera.
Esclava.
Como cuando me llamabas
« Mi amor »
Ni soy tu amor ni seré el amor de nadie.
Soy y seguiré siendo mi único amor.
Soy la única que sabe amarme
como me merezco.
Nunca más me matará un supuesto amor.
El infierno a tu lado fue
demasiado doloroso.

**

Comment puis-je montrer ce qui ne se voit pas ?
Comment puis-je expliquer ce que je ne comprends pas ?
On ne me frappe pas, mais j’ai mal.
On ne me crie pas dessus, mais ma tête va exploser.
Et je crie, mais personne ne m’entend.
Je pleure, mais mes joues sont sèches.
Et je me noie.
J’ai des cicatrices sous la peau, invisibles, insaisissables,
incurables aussi peut-être.
Je ne sais pas si je veux que vous compreniez.
Si je veux que vous connaissiez ce monde où je me suis enfermée.
Cette folie dont il est la seule raison.
Ce présent qui n’a ni passé ni futur,
ce jour qui n’existe pas,
qui flotte puis disparait, entre rêve et cauchemar.

¿Cómo puedo mostrar lo que no se ve?
¿Cómo puedo explicar lo que no entiendo?
No me golpean, pero me duele.
No me gritan, pero me va a explotar la cabeza.
Y grito, pero nadie me oye.
Lloro, pero mis mejillas están secas.
Y me ahogo.
Tengo cicatrices bajo la piel, invisibles, esquivas,
quizás incluso incurables.
No sé si quiero que lo entendáis.
No sé si quiero que conozcáis este mundo en el que me encerré.
Esta locura de la que él es la única razón.
Ese presente que no tiene pasado ni futuro,
esee día que no existe,
que flota y luego desaparece, entre el sueño y la pesadilla.

 

***

a grandi entre la région nantaise, le Morbihan et le Finistère où elle a fait sa scolarité en langue bretonne. Adolescente, c’est sa rencontre avec la compagnie théâtrale franco-chilienne La Obra qui lui donnera goût aux arts du spectacle et à l’Amérique Latine.

Elle a 20 ans lorsqu’elle entame un périple en Amérique du Sud. C’est en Argentine qu’une rencontre va tout changer et peu à peu, silencieusement, insidieusement, faire tomber la nuit.

Après trois ans de relation amoureuse toxique à l’autre bout du monde, l’auteure s’évade. Elle se pose et raconte ce voyage vers le vide, les rêves qui s’envolent, l’oubli de soi comme un gouffre. Dérivant dans le chaos de ses souvenirs, elle cherche à comprendre, ouvre les yeux, libère les mots.