MÓNICA MANRIQUE DE LARA, Traductions

Photographie MA Real

Mi rostro es para el otro, voz del mundo,
poseo mis manos cuando sueño, y estos ojos
se duermen largamente en su desván
en busca de sí mismos. ¿Para qué la apariencia?
No es defendible concluir que este es mi cuerpo,
soy un zarzal de formas, soy un hoyo,
a veces, soy un prado, o ese caballo
que deja atrás su lomo por el prado.
Que ni mi lento caminar me es siempre propio,
la intensa pausa de la Tierra va conmigo,
esta quizá soy yo, húmedo barro,
cuerpo de otros que nunca y siempre está,
y tú mi rostro.

Mon visage est pour l’autre, voix du monde,
je possède mes mains quand je rêve, et ces yeux
s’endorment longuement dans leur grenier
en quête d’eux-mêmes. À quoi bon l’apparence ?
Il n’est pas défendable de conclure que ceci est mon corps,
je suis une ronce de formes, je suis un trou,
parfois, je suis une prairie, ou ce cheval
qui laisse derrière lui son dos dans la prairie.
Que même ma démarche lente n’est pas toujours la mienne,
la pause intense de la Terre m’accompagne,
c’est peut-être moi, de la boue humide,
corps des autres qui n’est jamais et qui est toujours,
et toi mon visage.

(Inédit)

 

Poèmes de “LA LEÑA” , Isla negra editores (Porto Rico) et Centro editor, Madrid, 2022

Subterráneo

Hay un sendero contenido en la materia
que va abocado a los perfiles de su sombra
¿es mi no ser quién se torna deseo?
Rodeo los troncos con la noche de mis manos
abriendo paso al animal que vive adentro.
Como si hubiese que ocultar del mundo un río,
entro en el bosque y él guarda la leña ya ardiendo
en mi pecho.
Lo que yo guardo del sol es el barro.

Souterrain

Il y a un sentier contenu dans la matière
qui aboutit aux contours de son ombre
est-ce mon non-être qui devient désir ?
J’entoure les troncs de la nuit de mes mains
laissant la place à l’animal qui vit dedans.
Comme si une rivière devait être cachée au monde,
j’entre dans la forêt et elle garde le bois déjà brûlant
dans ma poitrine.
Ce que je garde du soleil, c’est la boue.

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Manantial del esfuerzo

¿Cuánto tiempo arderé en esta fuente?
Venido el pájaro de luz de un pozo oscuro
¿Silba canciones de la aurora al horizonte?
¡Qué corazón cansado y sordo de la lluvia!

Source de l’effort

Combien de temps vais-je brûler dans cette fontaine ?
L’oiseau de lumière venu d’un puits sombre
Siffle-t-il les chansons de l’aube à l’horizon ?
Quel cœur fatigué et sourd de la pluie !

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Caída del árbol

Que de
un golpe
en el tronco
cayese
del ave
su canto
y del canto
cayese
el candor
de la rama,
la visión
de sus alas
al cielo
era el eco
del hacha.

Chute de l’arbre

Que
d’un coup
sur le tronc
tombe
de l’oiseau
son chant
et que du chant
tombe
la candeur
de la branche,
la vision
de ses ailes
vers le ciel
était l’écho
de la hache.

Traduction par Miguel Angel Real

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Mónica Manrique de Lara (Grenade, 1974) est diplômée en traduction et interprétation et combine actuellement son travail de professeur de langues dans l’enseignement secondaire avec le développement d’une vocation poétique qui, bien que née très tôt, s’est renforcée au fil des ans. Elle a collaboré avec sa poésie dans diverses actions artistiques, et ces dernières années, elle a partagé son travail poétique dans des réseaux sociaux, des blogs littéraires et des revues physiques et numériques, comme « 142, Revista Cultural » (Espagne), « Revista Altazor« , de la Fondation Vicente Huidobro (Chili), Small Blue Library (Mexique), Santa Rabia Poetry (Pérou), Revue « La Piraña« , (Mexique), dans laquelle sa poésie apparaît traduite en français par Miguel Ángel Real, entre autres. En 2019, elle publie El cuerpo de las flores (Ediciones Escondidas), un recueil de poèmes et de récits auquel elle participe avec cinq autres écrivaines. La même année, elle collabore avec un recueil de poèmes dans la revue transdisciplinaire Exégesis, une publication de l’Université de Porto Rico à Humacao. En 2020, elle publie Devoción de las olas (Editorial Isla Negra et Crátera editores), son premier livre. Actuellement, elle continue de collaborer avec ses poèmes dans divers projets multidisciplinaires, comme le documentaire Hierro Yermo, pour le Musée Mémorial de Vitoria pour les victimes du terrorisme, ou le dossier des revues Exégesis et Cuadrivium, de l’Université de Porto Rico, dédié à María Zambrano et récemment publié. En 2022, elle a publié La leña (Centro Editor, Madrid), son deuxième recueil de poésie.