Murielle Vanderplancke – L’eau

 

L’eau

Trois voyelles pour l’eau
Le peintre et sa palette liquide
Parcelle d’irréel
Fragmentation de la lumière
Le paysage se recompose
En couleurs

L’eau des milliards de gouttes
Qui donnent l’impression
De solidité
De fluidité
S’arrêter un instant
Et voir l’eau vivre

L’eau délirante
L’eau qui ondule
D’une façon ou d’une autre
Le long du rivage, dans un port
Le fil de la vie
Filament de couleurs
Du bleu du blanc du rouge du vert
Du jaune soleil

L’eau des ruisseaux les arbres et les poissons
L’eau des océans
Ce canot est seul
En mer ; Un canard file dans le courant
Des couleurs toujours
Caressent l’onde doucement

L’eau des îles
Aux parfums de vanille
Il était une fois l’eau
Arrêt sur image
Paysages abstraits
Feu d’artifice sur la surface lisse

Filament de couleurs
Kaléidoscope pour la nappe enveloppée de vent
Boule à facettes
Cette réfraction du soleil
L’onde est réceptacle de lumière
A chaque seconde un nouveau spectacle

Une amarre seule sur les flots
Le vent léger fait frissonner
La couleur de l’eau qui irradie
Netteté des contours brisés
Reflets couleur des arbres
Le temps glisse doucement
Vers les soirées de vermeille

Figure de style
Aux aurores des énigmes
Le soleil se couche
La couche d’eau emprunte sa douceur
Sa splendeur

L’eau muraille tellurique
Qui s’éclate sur la roche
S’abat aux limites
Des continents
L’eau noire la nuit
Moirée des rayons de lune
Une succion
Des espaces liquides
Vers le vide

L’eau de la pluie
Qui tombe à l’horizontale
Le soir de tempête
L’eau qui galope
Dans la moiteur du vide
Et puis s’arrête
Elle coule de feuille en feuille
Au seuil de l’imaginaire

Une goutte de rosée
Dévale le brin d’algue brune
Transparence des petits fonds
Caressés des rayons du soleil
Depuis la jetée du port
En mouvance

L’eau la terre
Mêlés à l’infini
Soleil couchant couleur orange
Comme les lumières des villes
L’eau n’a pas de rue
Juste des boulevards
Tard le soir dans le rail d’Ouessant

Zébrures
Filaments d’océan
Lorsqu’on descend sur la surface
Cette masse de gouttes d’eau
Étonnantes
Paysage ridé qui passe
Bientôt le soleil

L’eau des départs
Du bleu et de l’orange
Reflets liquides bientôt le retour
L’eau est vivante
En réponse à la rouille de l’immobilité
Soleil couchant
Personne ne veut revenir
C’est peut-être mieux

 

Murielle Vanderplancke – Née en 1971. Tombée dans la poésie vers l’âge de 12 ans. Aime aussi le travail de photographe recherchant la lumière sur l’eau. Habite à Quimperlé (29) et est membre de la Maison de la Poésie du Pays de  Quimperlé.
A publié dans différentes revues et un recueil en 2020 « Sous le coup de l’éphémère » aux éditions Sémaphore.