Poèmes extraits de Plantas invasoras – Ed. Abril, La Havane, 2017
Ce livre avait reçu le Prix Calendario en 2016
Traduit Par Miguel Ángel Real
LOS POETAS MUEREN A LOS 21 AÑOS
Habiendo cruzado la frontera
puedo declararme muerto.
Escribir como un muerto y acomodarme a la idea.
Temerle a la idea.
Pero apenas entiendo las dimensiones del miedo.
Mis verdades sujetan el mundo como otra gravedad.
La frontera es dejar un cuerpo y seguir con otro menos vivo.
La frontera es una flor que alguien siembra a mis espaldas.
LES POÈTES MEURENT À 21 ANS
Ayant franchi la frontière
je peux me déclarer mort.
Écrire comme un mort et me faire à l’idée.
Craindre l’idée.
Mais je ne comprends guère les dimensions de la peur.
Mes vérités tiennent le monde comme une autre gravité.
La frontière c’est quitter un corps et continuer avec un autre moins vivant.
La frontière est une fleur que quelqu’un sème dans mon dos.
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DISPERSION
En julio de 1775
luego de tres años de viajes por el Pacfico
Johann Reinhold Forster volvió a Inglaterra.
Llevaba en su mochila semillas clandestinas.
Nadie sabe si decidió sembrarlas en su patio.
Lo que sí queda claro es el peligro de que un hombre
deje bajo un árbol su mochila abierta.
Johann no volvió a viajar.
Se estableció en la Universidad de Halle
publicó sus diarios
y fue llanamente honrado.
Nadie sabe si robaron su mochila.
Lo que sí queda claro es que las semillas
no tienen la vocación estacionaria de los hombres.
DISPERSION
En juillet 1775
après trois ans de voyages dans le Pacifique
Johann Reinhold Forster rentra en Angleterre.
Dans son sac à dos, il transportait des graines clandestines.
Personne ne sait s’il décida de les semer dans sa cour.
Ce qui est clair c’est le danger qu’il y a pour un homme
à laisser son sac à dos ouvert sous un arbre.
Johann ne voyagea plus jamais.
Il entra à l’université de Halle
publia ses journaux intimes
et se montra franchement honnête.
Personne ne sait si son sac à dos fut volé.
Ce qui est clair c’est que les graines
n’ont pas la vocation stationnaire des hommes.
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GOLPEAR LA PARED
Un hombre anónimo golpeó la pared de su casa
el día del fusilamiento.
Un golpe por cada tiro.
Ocho golpes o uno solo.
No tenía un revolver a mano.
Una cabeza siempre se tiene a mano.
Lo que no sabía el hombre es que la cabeza
no es un instrumento para golpear paredes.
Solo para construirlas.
Yo no construyo nada.
Derribo.
FRAPPER LE MUR
Un homme anonyme frappa le mur de sa maison
le jour du peloton d’exécution.
Un coup pour chaque balle.
Huit coups ou un seul.
Il n’avait pas de revolver à portée de main.
Une tête est toujours à portée de main.
Ce que l’homme ne savait pas, c’est que la tête
n’est pas un instrument pour frapper les murs.
Seulement pour les construire.
Je ne construis rien.
Je défonce.
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