Traductions – Fernando Sarría

Poèmes de La fórcola, Ed. Lastura, 2022
Traduction par Miguel Ángel Real

He sembrado de lunas el corazón.
Sin prisas el tiempo es solo un carámbano de luz,
refleja la ausencia en su espejo de hielo.
He perdido la inocencia de esperar,
un trámite parecido a mirar el horizonte desde un andén vacío

Murmura el agua como arena que se deshace.

¿Has escuchado alguna vez derretirse el hielo?


J’ai semé des lunes dans mon cœur.
Sans hâte, le temps n’est qu’un glaçon de lumière,
reflétant l’absence dans son miroir gelé.
J’ai perdu l’innocence de l’attente,
une formalité comme regarder l’horizon à partir d’un quai vide.

L’eau murmure comme du sable qui se défait.

As-tu déjà entendu la glace fondre ?


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La luz trae la simiente del dia
pero quedan marcas indelebles de la noche
en la piel, todo lo que el miedo dejó:
un recorrido de huellas oscuras,
palabras que sin descanso nos atrapan
en la melaza que deja una voz detrás de su silencio.
Nubes blancas, cielo azul y un río sin límites,
los bosques y los verdes jardines,
un viento de verano abriendo las preguntas,
algo de nosotros suplicando sajar la oscuridad.

¿Has encontrado de verdad el sendero de la supervivencia?




La lumière apporte la semence du jour
mais les marques indélébiles de la nuit restent
sur la peau, tout ce que la peur a laissé :
une traînée de traces sombres,
des mots qui nous emprisonnent sans relâche
dans la mélasse que laisse une voix derrière son silence.
Des nuages blancs, un ciel bleu et une rivière sans limites,
des forêts et des verts jardins
un vent d’été qui ouvre les questions,
quelque chose de nous qui demande à percer l’obscurité.

As-tu vraiment trouvé le sentier de la survie ?




*****



Lo irremediable tiene su propia eternidad,
un confuso horizonte cóncavo
donde habitan los versos
que abren la puerta del misterio.
Pero llega la hora de la desolación
sobre los mimbres de la tarde.
Todo viene vencido en la tormenta,
el aire húmedo, la herida gris del precipicio,
tu silencio enarbolado,
tu respiración contra el cielo:
su oscuridad diáfana como las horas sin Dios.

¿Has escuchado retumbar al trueno,
será la verdad la que te da miedo?




L’irrémédiable a sa propre éternité,
un horizon concave et confus
où habitent les vers
qui ouvrent la porte du mystère.
Mais l’heure de la désolation arrive
sur l’osier de l’après-midi.
Tout arrive vaincu dans la tempête,
l’air humide, la blessure grise du précipice,
ton silence brandi,
ton souffle contre le ciel :
son obscurité diaphane comme les heures sans Dieu.

As-tu entendu le tonnerre gronder,
est-ce la vérité qui t’effraie ?

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Fernando Sarria Abacha (Ejea de los Caballeros, Saragosse) est titulaire d’un diplôme en philosophie et en arts, avec une spécialisation en histoire de l’art, de l’université de Saragosse. Il a passé plusieurs années à faire des recherches sur l’histoire de l’art, en particulier sur la sculpture du XVIe siècle en Aragon. Dans ce domaine, il a participé à plus de vingt travaux dans différentes publications et revues spécialisées, dont l’essai monographique El retablo aragonés del siglo XVI. Estudio evolutivo de las masonerías et l’exposition Escultura aragonesa del siglo XVI au musée Camón Aznar, en 1993.

Il a publié les recueils de poèmes suivants : El error de las hormigas (2008), El Alhaquín (2008, finaliste du Prix de Poésie Delegación del Gobierno), Todas las mentiras que le debo (2010), Babel en las manos (2011), Las Horas (2012), Calafell (2012 /2020), Bares (2012), El buril y la piedra (2013), Silencio (por favor) (2013), Poemas de la incertidumbre (2013), La armonía en el vuelo de los pájaros (2014), Albada (2014), La caja de música (2015, plaquette), A plena luz. (2016), Los días contados (2017), 69 poemas (avec deux autres auteurs, 2017), Caídas (2019), Pavana del silencio (2021) et Paisaje (2021). Son travail a également été inclus dans diverses anthologies et magazines littéraires.

Il a plusieurs blogs poétiques et littéraires: