Traductions: Jorge García Torrego (Espagne)



Poèmes de Mortal, Ed.Lastura, 2023

Traduction par Miguel Ángel Real


Antes de que el sumidero ahogue el pequeño grito de este día,
esta pequeña charca donde tú y yo nos encontramos,
vamos a pensar un hilo de tiempo,
cómo nos ha pasado por encima,
cómo el tiempo ha hecho raíles de silencio en nuestras lenguas,
cómo el tiempo nos ha quitado las ganas,
aquellas ganas poderosas e idiotas que nos subían por el pecho,
como pájaros que buscan salir de la oscuridad.

Pero decía que este es un día mas,
tan solo otro martes que morirá silencio,
que morirá maniquí en nuestros brazos,

(cada uno con su martes inerte, nuestros brazos alejados)

que morirá pelusa en la historia,
y nosotros seremos jinetes de estos cuerpos tan nuestros
y tan desconocidos,
que nos llevan atados a la niebla.




Avant que le déversoir ne noie le petit cri de ce jour,
cette petite mare où nous nous retrouvons toi et moi,
pensons au fil du temps,
comment il est passé sur nous,
comment le temps a fait des rails de silence sur nos langues,
comment le temps a emporté nos envies,
ces envies puissantes et idiotes qui montaient dans nos poitrines,
comme des oiseaux cherchant à sortir de l'obscurité.

Mais je disais que ce n'était qu'un jour de plus,
un mardi de plus qui mourra silence,
qui mourra mannequin dans nos bras,

(chacun avec son mardi inerte, nos bras au loin)

que mourra peluche dans l'histoire,
et nous serons les cavaliers de ces corps tellement nôtres
et si inconnus,
qui nous portent attachés vers le brouillard.



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Oficios para un mundo nuevo

Iremos a robar piedras al desconsuelo,
a desarmarlo,
entraremos de noche en la piscina municipal de la pena,
rescataremos ilusiones antiguas, ahogadas por el óxido.

Cultivaremos la lluvia para hacer crecer ríos y estanques de saliva,
descubriremos ventanas, las liberaremos de su esclavitud de muro,
dejaremos que vuelen,
que sean las gafas de una nube o un nuevo tipo de ave migratoria.

En noches de vigilia, de vela y tienda de campaña,
saldremos a buscar relámpagos,
dejaremos un campo de silencio para que aterrice
y cuando llegue guardaremos su lanza en un bolsillo del pecho,
no querremos ensillarlo ni aprender su idioma
tan solo compartir su látigo de milagro,
poner en nuestras vidas una exclamación imposible.







Des métiers pour un monde nouveau

Nous irons voler des pierres au désespoir
pour le désarmer,
nous entrerons la nuit dans la piscine municipale du chagrin,
nous sauverons les vieilles illusions, noyées dans la rouille.

Nous cultiverons la pluie pour faire pousser des rivières et des étangs de salive,
nous découvrirons les fenêtres, nous les libérerons de leur esclavage mural,
nous les laisserons voler,
devenir les lunettes d'un nuage ou d'une nouvelle espèce d'oiseau migrateur.

Dans les nuits de veille, de bougie et de tente,
nous partirons à la recherche des éclairs,
nous laisserons un champ de silence pour qu'il s'y pose
et quand il arrivera, nous garderons sa lance dans une poche sur la poitrine,
nous ne voudrons pas le seller ni apprendre sa langue
juste partager son fouet miraculeux,
mettre dans nos vies une exclamation impossible.




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Cuando mi cuerpo,
esta multitud de candelabros y mármol,
sea un cenicero vaciado en la nada,
cuando mi cuerpo se llene de aterrizajes,
correas y cigarros apagados.

Cuando mi cuerpo ya no sea mi cuerpo sino un remolino en el aire,
un piropo de mirlo,
un regalo de cerezo,
te llamaré y seré un sonido entre palabras.

Porque esta voz será un ala delta,
huida ya la lógica de las cuerdas vocales,
la higiene de los documentos,
la serenidad de las vértebras por mantenerme digno y vertical.

Cuando mi cuerpo ya no sea mi cuerpo sino un invierno que silba,
un verano escondido,

yo seré,
aún,
esta voz encendida sobre la nieve.





Quand mon corps,
cette multitude de candélabres et de marbre,
sera un cendrier vidé dans le néant,
quand mon corps sera rempli d'atterrissages,
de ceintures et de cigares éteints.

Quand mon corps ne sera plus mon corps mais un tourbillon dans l'air,
le compliment d'un merle,
le cadeau d'un cerisier,
je t'appellerai et je serai un son entre les mots.

Parce que cette voix sera un deltaplane,
une fois délaissée la logique des cordes vocales,
l'hygiène des documents,
la sérénité des vertèbres pour me maintenir digne et droit.

Quand mon corps ne sera plus mon corps mais un hiver qui siffle,
un été caché,

je serai,
encore,
cette voix allumée sur la neige.

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Né en 1986, Jorge García Torrego a publié les livres de poésie Ojo y ventana chez Canalla Ediciones, Cercanías chez Baile del Sol, El despertador de Sísifo et Mortal chez Lastura et Hogar. En tant que chercheur littéraire, il a publié le livre Convivir poesía / conbeber poesía, el fenómeno poético de las jams sessions y la poesía oral en el Madrid del siglo XXI, chez Amargord ediciones. Certains de ses poèmes ont été publiés dans diverses anthologies et en plusieurs langues, comme Caja de resistencia numéro 2, OcultaLit, Amor se escribe sin sangre ( Lastura ) ou dans le huitième numéro de la revue La Galla Ciencia : El octavo pasajero. Il a organisé des festivals littéraires et fait des recherches sur les jams sessions de poésie et d’autres sujets littéraires et philosophiques. Il travaille comme correcteur, concepteur et archiviste, a une formation en journalisme et en langue et littérature espagnoles et un master en formation et recherche littéraire et théâtrale dans le contexte européen, ainsi que d’autres formations dans les bibliothèques et les archives.

Sa biographie complète, ainsi que ses livres, peuvent être consultés ici: (en espagnol) https://jorgegarciatorregolibros.wordpress.com/biografia/

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