Quintuor #3

Variations sur une œuvre de Laurent Grison : Sans titre, technique mixte, 2025

 

dans les villes transparentes
les couleurs sont des voix sans racine

on renaît dans un ailleurs
et on abandonne les vieilles silhouettes
sur une carte d’échos qui nous rejette

dans une pièce au décor oublié
les figurants n’ont pas d’appartenance

le temps délave les présences
et notre passé retracé se perd à nouveau
entre le va-et-vient de nos traits

humanité frêle
ciels qui nous ignorent

la tâche de vivre
n’a pas besoin de questions
dans la distance

Miguel Ángel Real

***

À Entrepotdok un eunuque
me fait signe de son balcon
déambulations du novice en été
devant la Ronde de nuit
je tombe sur un iroquois
cela ne choque personne
plus loin les graffitis de Saenredam
se laissent surprendre
dans la rue trois drags en Marilyn
tentent un happy birthday
trouble jeu de l’invite
où rien ne reste à la marge
les yeux s’accoutument vite
à la connaissance des possibles
elle affranchit les mystères
au corps des parcs allongés
qui m’entraînent plage de Zandvoort
et sa parade de tentations
vrai     il n’y a plus de coulisses
sans les rideaux de la complaisance
le théâtre alors s’ouvre
sonore

Arnaud Rivière Kéraval

***

Je vous mets une once d’espoir
dans la main – sacre et nacre
un iota d’illusion
dans la tête – sucre et lucre
avec un plein réservoir
de rêves nocturnes
promesses d’accord
et fins de recevoir
             – meugle et beugle

La saison s’annonce bien
on a brûlé les planches
              le Théâtre est en feu
les cendres de l’âtre
sont retombées au
centre de l’être

Rejoue-moi la scène d’avant trac
affine ton entrée
prépare ta sortie
Grand Répétiteur de l’âge vénérable
il te restera juste
à baisser le son
régler la voix et partir
en bon timing
a maxima
léger-léger

 

Rémy Leboissetier

***

   Des bois marécageux surgissent les Bacchantes.
   Coiffé du lierre mystique, le dieu fou entre en scène : éternelle jeunesse et impérieux désir !
   Dans le vert de l’eau vive, c’est l’éternel retour : rouge beauté nocturne du spectacle tragique d’Apollon et d’Orphée, et du Grand Dionysos.
   La cité se transforme en théâtre du monde et l’empire des lumières transmute le réel.
   L’invisible mystère du chaos tournoyant – et ses sons et ses cris et ses danses et ses chants : ô symphonie sauvage ! – cause la catharsis. Et le pouvoir des mots nous souffle le secret.

Jean-Jacques Brouard

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