
Photographie : A. Rivière Kéraval
CONTRE-ESPACE
Un nouvel espace naît entre des murs non illuminés par un ciel sans soleil. Si fuyant, si incertain, un espace naît entouré par d’infimes étincelles qui se délient par intermittence, comme si quelqu’un, les paupières closes, regardait.
c’est un noyau qui s’effondre sur lui-même, qui se contracte encore, pure connaissance du lointain, juste devant la rétine.
Où s’en aller ? Et pourquoi ? Si le fait de ne pas agir, de s’oublier, est la marque de l’emprise de ce lieu, de ce temps au sein duquel la nuit cherche à devenir l’arrêt ?
Ici, la respiration tâtonne les dimensions en friche, tandis que le cœur, puissant dans sa faiblesse, compte le sursaut des restes de lueurs, des filaments de l’éveil, en vibration.
UNE NON DOULEUR
les mains vers deux sommets opposés l’un à l’autre
la tête qui se lève pour à peine effleurer la distance
sans les mains
le corps mangerait son ombre
la lumière artificielle
brûle les yeux
c’est le vent de minuit, dehors,
qui apaise à travers la seule fenêtre
un amas d’étoiles
écrit sur le verre
où il n’existe pas d’orbites
seulement de la lumière
et un espace entre les galaxies
une non-douleur
Jorge Ivan Segura est né à Lima (Pérou) en 1970. Ses poèmes et ses traductions paraissent dans les revues littéraires péruviennes vers la fin des années 1990. En 2002, il s’installe à Lyon, puis en 2004 à Strasbourg, où il exerce depuis comme traducteur et professeur d’anglais et d’espagnol. Son activisme littéraire l’amène à fonder avec d’autres passionnés de littérature l’association les Mots-Arts. Il prépare actuellement un recueil qui mêle le discours des sciences du cosmos et la réflexion politique.