Watson Charles

Photographie MA Real

 

Marche, marche
Le vent est ouvert à ton corps
Traversé. Tout cri est un mutisme
Qui mène à tes yeux
Chemin. J’aurais aimé te dire que mes pieds ont
Connu toute la poussière du monde
Villes. J’ai marché, erré
Jusqu’à l’épuisement de ma chair
Pour vivre les merveilles qui naissent en toi
J’ai vu Sumer t’adorer
J’ai marché pour mourir à tes pieds

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Corps pour la montée des eaux
Et ton ciel à genoux comme le goût âcre
D’un ciel incendié
Je ne verrai plus mon pays
Tant que la nuit ne sera pas prostituée
Ma voix contre tout appel
Et des chemins aux colliers de joies
Ma voix chant de mer
Comme un émerveillement à la tombée du soir
La mer des Caraïbes est en moi
Et t’appartient jusqu’à ton épaule décapitée

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Tu as vendu mon corps
Tel un cèdre
Dans nos rêves où chaque
Blessure est une brèche
Que ferions-nous Élise
Toi
Qui m’as offert cette bague
Comme une breloque
À la profondeur de tes yeux
J’ai vu rêver la terre
Peuplée de cailloux
D’anges maudits
Et de tous les peuples
Pleurant nos misères

 

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Né en Haïti, Watson Charles, poète et écrivain, a fait ses études de Lettres Modernes à l’École Normale Supérieure de Port-au-Prince. En 2008, il s’inscrit au département de Sociologie de la faculté d’Ethnologie. En 2010, il abandonne ses études pour se consacrer à l’écriture. Aux côtés des amis tels James Pubien, Wébert Charles et Jean-François Toussaint, il participe à la création des Éditions Bas de Page. Il publie la même année, en collaboration avec Wébert Charles, Pour que la terre s’en souvienne,
Lenglensou (2012), Le Chant des marées (2018), et son premier roman Le Ciel sans boussole (2021). Ayant sélectionné à plusieurs prix, il a reçu la mention spéciale du Prix Senghor du roman francophone et francophile (France). Il participe à plusieurs revues et ouvrages collectifs : Le Cahier du Sens, Phaéton, IntranQu’îllités, DOKREIS, Bacchanales, Mange-Monde, etc. Watson Charles vit en France.