Quel leurre est-il ?
Les monstruosités de la pensée humaine : Dieu.
L’idée de Dieu est une question, pas une réponse.
C’est pourtant la question initiale et définitive que se pose l’humanité depuis qu’elle eût la sensation de sortir du monde animal.
La question qu’elle fut, qu’elle est, qu’elle sera toujours au plus profond de la pensée humaine.
Quand on est la question, on ne peut en même temps être la réponse. Ainsi, cette question ne reste-t-elle pas dans le domaine du farfelu, du magique ?
Le croyant ne se pose pas la question de l’existence de Dieu.
Il « croit » à son existence.
C’est son aberrante réponse.
Si croire est douter, le croyant appuie donc sa vérité sur une incertitude.
C’est une question sans réponse que le croyant vit pourtant dans une affirmation absolue.
Il voyage alors dans un train sans rail, sans station, sans gare d’arrivée et – se refusant à en être le conducteur, le seul et l’unique –, imagine un pilote céleste qui aurait en sa main divine toutes les commandes de l’univers.
Lors, l’idée de Dieu n’est en rien une pensée philosophique.
Elle est du domaine du conte légendaire, de la « rassurance » – ou du pari –, face au néant de la mort et de l’incertitude redoutable de la vie.
Face aux douleurs de la vie, il s’agit là d’inventer de la prévenance, de la « préservance » (si je puis me permettre d’inventer ce mot).
L’idée de Dieu fut et reste un des piliers d’une organisation sociale et sociétale primitive qui trouve ses racines dans l’instinct grégaire.
Quoi de plus prégnant pour la formation d’un groupe, d’un clan, d’une tribu, d’expliquer l’inexplicable ou le fortuit par l’idée communautaire de Dieu ou d’un dieu ou de plusieurs ?
C’est une mise en commun d’un ciment de magie « céleste ».
C’est un concept inventé pour pallier la peur du naturel, du vivant dans le cycle universel de la vie et de la mort sur terre.
Dieu serait donc écologiquement contre-nature.
La théologie dit volontiers :
« J’ai la réponse. Dieu existe.
Posons des réponses afin de faire face aux questions qui pourraient advenir. »
Elle ne dit pas :
« Dieu existe-t-il ? Posons la question. Trouvons la réponse, prouvons son existence ou établissons les raisons qui nous ont poussés à l’inventer. »
Curieuse science. À défaut de science curieuse. Car en théologie, la curiosité est un vilain défaut.
La philosophie pose des questions pour trouver des réponses.
Le conte déiste, quel qu’il soit, donne des réponses à des questions qu’il ne pose pas.
Les questions restent subsidiaires et inutiles.
Voire louches, subversives et illégales dans certaines communautés, actuelles ou historiques.
La fantastique Bible n’en demeure pas moins un des plus grands livres jamais écrit et réécrit.
Le croyant se contente donc de raconter une histoire, peaufinée, embellie au fil des millénaires, qu’il veut la plus belle, la plus extraordinaire possible en appuyant « sa réalité » sur le domaine magique.
C’est un beau mensonge accepté avec ses outrances meurtrières et ses invraisemblances enfantines – mensonge qui aide certains à vivre et à mourir, certes mais ce n’est qu’un mensonge. Un leurre monstrueux.