Traductions – Maye GaBa

Photographie MA Real

 

Lo erótico

pulsión, tu nuez, fondo de arena
trama de baba y pesadillas.

Lo perverso

palabras candentes que no dices, el libro que no existe, tus membranas quebradas en cáscara de
seda.

Lo impúdico

comerte a medias, beber apenas el cuenco de una mano, pisar la piel en las alfombras, recomponerte
en gotas
cuando llueve.

Lo obsceno

mi piel recién despierta, tu carne de pan duro, el silbo de un café que no ha salido.

La confesión

no haberte amado, dudar lo blando de la víscera, reconocer aromas de céfiro sumiso

que se agitan.

L’érotique

pulsion, ta pomme d’Adam, fond sablonneux
une intrigue de bave et de cauchemars.

La perversité

des mots brûlants que tu ne dis pas, le livre qui n’existe pas, tes membranes brisées en coquille de
soie.

L’impudique

te manger à moitié, boire à peine le bol d’une main, fouler la peau des tapis, te recomposer en
gouttes
quand il pleut.

L’obscène
ma peau fraîchement réveillée, ta chair de pain rassis, le sifflement d’un café pas écoulé.

L’aveu

ne pas t’avoir aimé, douter de la souplesse des viscères, reconnaître dans un zéphyr soumis des arômes

qui remuent.

**

Nos celebramos
en cántaro y en piedra.

Yo en aguas y en atmósferas
cantando
sin voz por ser de sueños
-pegajosos
elegida de seres y de cosas
casi sin voz.

En mi mutismo dulce de bailarte.

Tú en tus ojos de almendra que iluminan
de rodeos, vuelta al sol, ribera de guijarros
el tuétano del alma
cantando

A su manera.

Nous nous célébrons
dans la cruche et dans la pierre.

Moi dans les eaux et dans les atmosphères
chantant
sans voix car on est des rêves
-collants
élue des êtres et des choses
presque sans voix.

Dans mon doux mutisme de danser pour toi.

Toi, dans tes yeux d’amande qui illuminent
en détours, retour au soleil, rive de galets
la moelle de l’âme
chantant

A leur façon.

**

Implacable el azul de la ternura
que derriba los muros y las puertas
y suaviza las carnes del torpe y del astuto.
Es azul la ternura que se enreda en las sombras
y las rompe; y desparrama en los párpados sus armas delicadas. Es tan dulce el azul
¡tan dulce!
que te levanta
como una hiedra azul
eterna y silenciosa.

Y en tus manos abiertas van cayendo las hojas
y es tersa agua que bebes
como un haz
de crisolampo.

Implacable le bleu de la tendresse
qui abat les murs et les portes
et adoucit la chair du maladroit et du rusé.
Elle est bleue la tendresse qui s’emmêle dans les ombres
et les brise ; qui disperse sur les paupières ses armes délicates. Le bleu est si doux
si doux !
qu’il te soulève
comme un lierre bleu
éternel et silencieux.

Et dans tes mains ouvertes, les feuilles tombent
et c’est de l’eau lisse que tu bois
comme une gerbe
de chrysolithe.

**

Maye García-Balibrea, MayeGaBa. Murcie, Espagne, 1965. Journaliste. Elle écrit des choses pour les gens qu’elle aime. Survivante.