Simon Langevin

Horripilation

mes ongles griffent les pallaques dans les tunnels gris
et leur plaisir déferle jusqu’à la forêt de
Frelighsburg

les plaques d’acier du samedi suivant
cachent des photos de lésions histologiques
et la nourriture destinée à l’instant précis

un découpage livide truffé d’endroits secrets
et de ferraille
indique la suite des machines inutilisables

mes tempes argentées comme de modestes insignes
dans le morcellement de l’aube sans soleil

morne silence partout
devant l’usine sans dessus dessous
bloquée de pièces métalliques sans aucune couleur

j’ai le visage défait du cuistre
devant les mosaïques monochromes

 

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De haut en bas

nous entendons les appels
de 30 millions de silences
du haut du plein jour

quand nos pieds avancent
vers le vide insondable
le vertige n’a pas de prix

toi et moi au bord du gouffre
à construire nos vies
qui menacent de chuter

nous ne pouvons pas tout
laisser tomber à prix d’or
30 millions de fois de suite

quelqu’un nous observe
au bas de la faille grande
ouverte comme une plaie

en plongée dans cette
fracture ouverte jusqu’au fond
de notre précieuse richesse

l’écho de notre petite voix
intérieure qui près de la tour
de notre isolement survit

 

 

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Simon A. Langevin vit et écrit à Québec. Il est auteur aux éditions Lpb, affiliées à la revue de poésie et de littérature La page blanche. Il y a récemment publié un roman: Faune, ainsi qu’un recueil de poésie: Cafard. Depuis peu, il est aussi responsable du comité de lecture de ces mêmes éditions.