Photographies de l’auteur
Exodes
Par courses de paysanneries exodes stylistiques
J’ai puisé mon propre sang sur des chemins éraflés
Frotté ma vie sur des papiers de verre
Peut-être adoucir les angles du soleil
J’ai marché, marché tel un forçat de Cayenne
Fracassant ses cailloux de destinées
A la recherche de ses origines : calligraphies incertaines
Sur les déserts de ma peau
Sont cousus tous les alphabets du monde
J’ai changé cent fois de route
J’ai changé cent fois de nom
J’ai changé cent fois de rêve
Ivresses d’un temps démesuré
Jetées au bûcher de la Roulette russe
Par-delà le ciel les avions les papiers d’Arménie
Des nuages de voix ont résonné
Cent fois j’ai roulé mes yeux
Cent fois j’ai embrassé les cieux
J’ai gravi les pentes les écueils les murailles
J’ai brûlé les haines les rancœurs les arrogances
Et le métro là-haut dans les étoiles
S’est arrêté à la station des exodes
Une vieille dame au visage buriné de livres ancestraux
A lavé mon corps de ses parole didactiques
Et mon sang et ma chair et mon esprit
Se sont dissous en bain d’éternité
Je suis devenu un oiseau
J’ai volé mille fois autour
De la terre
Et j’ai dîné mille fois avec
Les corbeaux
Mes exodes sont des ailes
Qui dansent avec la terre
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Ici, ailleurs
Aux sanctuaires de nos dépossessions
Le ciel migrateur ombre le volage
De nos errements
Le jour enfante ses nuits
La nuit absorbe ses illusions
A l’ombre de l’enfant bohème surgi
D’un festin des Carpates
Les faux-fuyants de nos antiques portraits
S’étiolent en espoirs déchus
Nous sommes ici
Nous rêvons d’un ailleurs
Nous sommes ailleurs
Nous rêvons d’un ici
Qu’avez-vous fait de vos enfances
Hommes de pierre ?
Irez-vous sacrifier à la source de vos origines
Le testament inachevé de vos itinéraires égarés ?
Mort et résurrection d’un Orphée universel
Ailleurs, j’y expierai à la gloire d’un ici improbable
Ici, j’y enterrerai cet ailleurs inabordable
Ivre de rhum de débris de songes
Je noierai mon destin solitaire
Au bal du samedi soir
D’une campagne imaginaire
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Pierres imparfaites
Au divan des tombes embrumées
Les amants des lits fatals
Cirant leurs étranges odeurs de lys
S’imprègnent de l’imparfait des futurs mystiques
Sur les coutures des estampes sentimentales
Le bouquet des aurores alcoolisées
Fermentera en passions mortelles
Et la pierre et le corps et l’esprit
Union sacrée des reviviscences animales
S’affranchiront des morsures du temps
O visage de pierre, symbolisme métabolique
Iras-tu renaître de tes impudentes syllabes
Sous les jupes florissantes des lavandières ?
Mais la nuit invocatrice aussi criarde
Qu’un éternuement d’étoiles
Parsèmera les cris du poète nu
Sur les parchemins aliénés des constellations
O pierres imparfaites
Or et encens
De ce que je fus
De ce que je suis
De ce que je serai