40.- Au pays de Loop, tout est courbe. C’est dire la difficulté de regarder l’autre droit dans les yeux ! De plus, tout voyage s’apparente à une circumnavigation compliquée… On n’est jamais sûr d’arriver à bon port. On louvoie sans cesse entre les obstacles et l’on finit par faire des ronds, des spirales, des cercles concentriques… et l’on finit par courber… l’échine… La végétation, courbe elle aussi, s’enroule tant et tant sur elle-même qu’un arbre finit par devenir un sac de nœuds encombrant et inextricable que l’on ne peut défaire qu’en le tranchant d’un coup de sabre. Mais l’arme, courbe elle aussi, n’est pas très fiable et on risque de se blesser. On appelle une ambulance, elle arrive, elle approche mais la trajectoire qui s’incurve à mesure la fait passer à quelques centaines de mètres. On ne vous voit pas et vous mourez en perdant votre sang qui jaillit en ellipse d’une blessure en demi-lune et suit la pente courbe vers les méandres du fleuve en arc-de-cercle.
J.-J. Brouard