
Poèmes de Cabeza de familia (Ed. Lastura, 2024)
Traduction par Miguel Ángel Real
DUST
Tuvo la mano abierta y las cenizas.
Las cenizas que fueron ojos que no dormían y humo de plata.
Y así supe muy temprano o quizá no,
no tanto como Oliver Twist o como Punky Brewster,
lo que ocultaban las cenizas y la mano abierta.
Porque los huesos acaban en la tierra
y en la tierra también las partículas de física y química,
la extrañeza de los perros,
los zapatos de Zara,
en la tierra y por dentro.
Ay, como un océano encadenado
o como pastillas que caen tocando los cristales.
Todos tuvimos una vez un corazón blando
que podría confundirse con carne.
Podía confundirse con un puré para la noche,
con el corazón de un conejo perdido,
con una estrella que vino de lejos y que mató a un hombre
que cantaba suave.
Yo solo sé que ahora.
Ay.
Puñados de arena entierran el corazón blando que podría
confundirse con carne.
Y esto no me lo contó el cabeza de familia.
El vigía de la suerte.
Que con la ausencia viene la arena en las manos a tocarte
por dentro como cristales de oro.
Ay.
Es eso lo que ahora queda.
La arena en la boca y en los huesos.
Las cenizas en la tierra.
DUST
Il avait la main ouverte et les cendres.
Les cendres qui étaient des yeux qui ne dormaient pas et de la fumée d’argent.
J’ai donc su très tôt, ou peut-être pas,
pas aussi tôt qu’Oliver Twist ou Punky Brewster,
ce que les cendres et la main ouverte cachaient.
Parce que les os finissent dans la terre
et dans la terre aussi les particules de la physique et de la chimie,
l’étrangeté des chiens,
les chaussures de Zara,
dans la terre et à l’intérieur.
Hélas, comme un océan enchaîné
ou comme des pilules qui tombent et touchent les cristaux.
Nous avons tous eu un jour un cœur tendre
qui pourrait être pris pour de la viande.
Il pouvait être pris pour une bouillie pour la nuit,
pour le coeur d’un lapin perdu,
pour une étoile venue de loin et qui a tué un homme
qui chantait doucement.
Je sais seulement que maintenant.
Hélas.
Des poignées de sable enterrent le cœur tendre qui pourrait
être pris pour de la chair.
Et ce n’est pas le chef de famille qui me l’a dit.
Le gardien de la fortune.
Qu’avec l’absence vienne le sable dans tes mains pour te toucher
à l’intérieur comme des cristaux d’or.
à l’intérieur de vous comme des cristaux d’or.
Hélas.
C’est ce qui reste maintenant.
Du sable dans la bouche et dans les os.
Des cendres dans la terre.
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Habremos perdido el nombre.
Y nosotros con zapatos nuevos, con el autobús en
marcha, con los puntos cardinales, con los balidos,
con el ruido, con el bocadillo de queso y la mano
temblorosa porque ya es la hora. Ya es la hora.
Y habremos perdido el nombre. Y nuestros pies en Oporto.
Y nuestros pies en el rio donde Heráclito lavaba su
ropa con suavizante y delicadeza.
Y habremos perdido el nombre.
Quizá eso es lo que tenía que haber sucedido.
Nous aurons perdu le nom.
Et nous, avec des chaussures neuves, avec le bus en
marche, avec les points cardinaux, avec les bêlements,
avec le bruit, avec le sandwich au fromage et la main
qui tremble parce que c’est l’heure. C’est l’heure.
Et nous aurons perdu le nom. Et nos pieds à Porto.
Et nos pieds dans la rivière où Héraclite lavait son
linge avec de l’adoucissant et de la délicatesse.
avec douceur et délicatesse.
Et nous aurons perdu le nom.
C’est peut-être ce qui aurait dû arriver.
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SOPOR
Y la noche,
en los ojos,
se hizo nieve.
Estrellas en la cabeza y un presentimiento
que cuelga como aves que saben que van a morir.
Caminando lento, huellas de polvo azul
y oro en el abismo de la boca.
Ya lo había dicho Cicerón
pero nadie cree en el último de los días hasta que
llega de frente y te besa la mejilla y te ofrece su
brazo.
Caballero silencioso.
Y así entre los sueños y el reloj digital
la noche,
en los ojos,
se hizo nieve.
SOMNOLENCE
Et la nuit,
dans les yeux,
est devenue neige.
Des étoiles dans la tête et un pressentiment
suspendu comme les oiseaux qui savent qu’ils vont mourir.
Marcher lentement, des empreintes de poussière bleue
et d’or dans l’abîme de la bouche.
Cicéron l’avait déjà dit
mais personne ne croit au dernier des jours jusqu’à ce qu’il
arrive en face, embrasse ta joue et t’offre son
bras.
Gentleman silencieux.
Et ainsi, entre les rêves et l’horloge numérique
la nuit,
dans les yeux,
est devenue neige.
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Alicia Louzao (Ferrol, La Corogne) est titulaire d’un doctorat en Philologie Hispanique et d’une licence en Philologie Anglaise. Bien qu’elle se soit spécialisée dans la littérature baroque, elle s’intéresse particulièrement à la littérature gréco-latine. Elle enseigne les langues et la littérature.
Lauréate du VIIIe Prix al mejor poema del mundo, du XVIIe Prix Leonor de Córdoba, du Ve Prix Centrifugados de poesía, entre autres. Elle a été finaliste du 76e prix Adonáis, du 1er prix Marpoética et du XXXIIIe prix Ana María Matute (Torremozas). Elle a participé à plusieurs anthologies et a publié plusieurs recueils de poèmes, les derniers étant Nadie dirá que estuvimos aquí (Lilliputienses) et Cabeza de familia (Lastura). En 2025, elle publiera Los clavos de Ovidio miran las estrellas (Piezas azules) et Aquiles en Oporto (Páramo ed.). Des critiques de ses livres, ainsi que des interviews, peuvent être trouvées dans les revues espagnoles Zenda, Turia ou dans des programmes de Radio 3 tels que Metaverso ou Todos somos sospechosos.