Vers un autre rendez-vous dans ce café

Creux.

Une photographie

sur l’écran du portable

te rend un portrait que tu ne veux pas.

Tes tempes en raccourci.

Un blanc qu’importe peu

assorti avec le reflet

d’une flaque qui éclaire

ton manteau sans rien demander.

Ceux qui ne sont plus là.

Des voix dans le café

nous imposent une tristesse de dentelles

une imagination de cercueils

que nous couvrons avec d’autres voix

avec nos mains

avec les yeux qui se laissent aller

par une quelconque inertie qui

malgré tout

nous rend incomplets.

Absences.

Vigueur de routines

dans les spores du temps qui passe

en se laissant voir presque

dans un froid qui aujourd’hui remonte

le long de tes chevilles

-tu auras beau dire-.

Lumières de maisons rouges

derrière les vitres que la buée

et l’impatience de ceux qui demandent une table

estompe et apaise,

nous exigeant le calme.

Les silhouettes des disparus

s’accommodent dans des niches suaves

que tu modèles avec l’iris de tes dents

les tapissant à l’envi

même si tu soupires sur tes pas

de gravité forcée.

Se reposent

dans les cernes et dans l’éclat

convexe de la théière

les nostalgies déformées et exactes

de notre nouveau rendez-vous.

 

Miguel Ángel Real