Citadelle
Ma côte est sauvage.
L’océan, circonstance tantôt aggravante, tantôt atténuante. Tolède.
Souviens-toi.
Cette inscription gravée dans la pierre en figure de proue à la lourde porte de chêne.
Tolède.
Ces mots infinis de ce moine espagnol : « Il n’y a pas de chemin, il n’y a que le cheminement ».
Mer.
Luisante surface de projection à notre Folie.
Quand l’inspiration est muette à l’expiration…
Un grand éclat de silence dans l’immense bleu.
Un bleu total, brutal et désappointant,
Pointant d’un faible nuage l’aube éclatante et certaine d’un possible (?) bonheur.
Surtout ne rien dire.
Écouter l’herbe se désaltérer.
Surtout ne rien dire.
Désherber mes pensées.
(Voler dans les flots verts)
Et ne rien dire, surtout…
Bleu.
Partons sur l’onde, entre deux cordes, sur la portée à six droites infinies.
Te souviens-tu de Smyrne, dis ? Comme le vent y est différent ? Le silence, encore y est figure de poupe…
Bleu.
Il approchait la peau de bois à son oreille comme on écoute l’écho des vagues dans les conques. Pas un jeu d’enfant tu sais !
Iles.
Son regard braise s’assombrit soleil.
Elle, statue qui se bat avec ses propres pierres, animant la forteresse Méditerranée.
L’homme joue avec des cordes. La femme joue avec l’air…
L’eau toujours, couronne à l’amas minéral de leur rencontre. Peut-être est-elle de ces grands pins réincarnés de Tipasa… peut- être est-elle.
Son histoire est imprimée à la corne de ses pieds.
Danse.
« Iles » la sent, elle l’entend.
Elle joue avec l’air, le caresse, le brutalise, l’embrasse. A corps perdu.
Citadelle.
Ils ont bu l’eau avant le naufrage. Et la tasse, et la coupe.
Mes mains ne t’effleurent pas même , sirène toute de chair en mon temple.
Nous ne faisons que passer, mais je te jure que j’aime notre empreinte, ici, sous la voute en coque renversée !
Là.
Là où nous sommes nés !
Dans les reflets et les lumières tranchées, dans le sombre et la féerie d’une île, et toute sa brutalité.
Ce bleu imprimé à nos joues… nos ailleurs sont ici.
Le croiront-ils seulement…