Grégory Rateau – Imprécations nocturnes

Poèmes extraits de Imprécations nocturnes, Conspiration éditions 2022

Photographie MA Real

À ma fenêtre tout est nouveau
comme j’envie ceux qui ont des meubles bien remplis
la table mise à la même heure
des cadres faisant autorité de leur passage sur Terre
mais ici, cette vague odeur empruntée
que je ne peux rattacher à rien
même l’avenir que je trace du bout du doigt
pourrait être le souvenir oublié
de mes vies imbriquées
chacune effaçant l’autre
et rejaillissant dans le désordre
chambres qui se ressemblent toutes
villes dont le nom varie au gré de mes humeurs
les traverser sans m’attarder

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Quelle incompréhension dès que l’enfant
derrière le rideau s’exprime en nous
une voix meurtrie sommeille
elle revient de loin, profonde mais volatile
trop de vérités nouées en slogans
les martyriser à grands coups de marteau
trouver le frère à l’oreille fertile
tendue aux murmures sentencieux
et qui n’opposera pas son silence affecté
car écrire est superflu
si personne ne vient s’approprier ces quelques mots

*****

Gardien de phare
au ventre repu
des amours indigestes
aux bottes usées
rongées de coquillages
en corolle sous ses semelles
ayant rompu toute connexion
avec le monde et ses agitations
pour des horizons fantômes
ce même ressac
jusqu’à la nausée
puis le calme en surface
l’aiguille arrêtée
sur ce présent concentré
et la houle ondulant au fond des tripes

 

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