Traductions: José iniesta

Poèmes extraits de « Cantar la vida » – Ed. Renacimiento, Séville, 2021

Traduction: Miguel Angel Real

Photographie MA Real

Es siempre posesión decir la vida,
asirme a cuanto veo con palabras.
Cantar es la manera
de encender una luz
en la cueva profunda de la carne,
la sola soledad, mi compañía.
No hay límites aquí para saberme
de tanto ir perdido a mis hallazgos,
la música doliente que me salva.
El viaje es lo real al detenerte.
El viaje es lo que queda,
y mucha luz
temblando en la memoria del camino.
Del aire, soy del aire, sin fronteras,
y hoy toda el alma mía va encelada
de amor en vuelo y sed,
y nada sabe.

C’est toujours possession de dire la vie,
saisir tout ce que je vois avec des mots.
Le chant est le moyen
d’allumer une lumière
dans la grotte profonde de la chair,
la solitude seule, ma compagnie.
Il n’y a pas de limites ici pour connaître
après autant d’errance dans mes trouvailles,
la musique douloureuse qui me sauve.
Le voyage est la réalité quand tu t’arrêtes.
Le voyage est ce qui reste,
et beaucoup de lumière
qui tremble dans la mémoire de la route.
De l’air, je suis de l’air, sans frontières,
et aujourd’hui toute mon âme est séduite
par l’amour en vol et en soif,
                                                          et elle ne sait rien.

***

Razones para la poesía

Sin nadie, con las nubes, en la luz.
Escribo para que él
no muera nunca:
el niño en la mañana, bajo el sol,
acercándose al árbol que lo ampara.
Yo soy de los espejos, de arenales
extensos donde el paso se detiene
exhausto por la sed y la memoria,
pero él acaso vio en su primavera
al ángel que lo guarda de la muerte,
se supo eternidad en los caminos.
Acógelo, escritura, porque yo
fui ese niño atento por los campos
al oro de la espiga y la amapola
perfecta sobre el tallo y colorada,
y él todavía corre por la calle
del aire venturoso junto al mar,
su pecho respirando la alegría
remota de existir y de sentirlo.
Presérvalo sin mal
fuera del tiempo,
su belleza sin culpa y sin usuras,
esa risa que vence a toda niebla,
ese rostro del sol y de las lluvias
donde arde lo real, y es plenitud.
Ahora yo no importo, nada es mío
donde desaparezco,
mas deja al niño dios en su jardín
con la viva ilusión de las hormigas,
con su montón de piedras
junto al árbol sin nombre.
Jamás destruyas,
tiempo, qué sentido,
el vuelo de las nubes en el mar,
el canto de sus grillos en la noche,
el alto temblor verde de las ramas
donde anidan los mirlos y la luna,
la aventura de ser vida en la luz.
Entono una oración,
y no tengo presente.
Concédeme, memoria, lo que fui.
Entrégame el minuto de una rosa.
Qué júbilo la vida, soy nostalgia,
al verlo caminar por el sendero
debajo del enigma de los álamos.
Escribo la verdad y no soy nadie,
escribo la verdad que no está escrita.
Su amor es una copa de existencia
de repente volcada
donde nadie ha bebido.

Raisons pour la poésie

Avec personne, avec les nuages, dans la lumière.
J’écris pour qu’il
                                     ne meure jamais :
l’enfant le matin, sous le soleil,
s’approchant de l’arbre qui l’abrite.
Je suis des miroirs, des vastes
grèves où le pas s’arrête,
épuisé par la soif et la mémoire,
mais peut-être a-t-il vu en son printemps
l’ange qui le protège de la mort,
ou s’est-il trouvé éternel sur les chemins.
Accueille-le, écriture, parce que moi
j’étais cet enfant attentif dans les champs
à l’or des épis et du coquelicot
parfait sur la tige et rouge,
et lui, il court toujours dans la rue
de l’air heureux du bord de mer,
sa poitrine respirant la joie
lointaine d’exister et de le ressentir.
Préserve-le sans mal
                                                              hors du temps,
sa beauté sans culpabilité et sans usure,
ce rire qui surmonte tous les brouillards,
ce visage du soleil et des pluies
où le réel brûle, et c’est la plénitude.
Maintenant, je n’ai plus d’importance, rien n’est à moi
où je disparais,
mais laisse le divin enfant dans son jardin
avec l’illusion vive des fourmis,
avec son tas de pierres
près de l’arbre sans nom.
Ne détruis jamais,
                                                            temps, à quoi bon,
le vol des nuages sur la mer,
le chant de ses grillons dans la nuit,
le haut frémissement vert des branches
où nichent les merles et la lune,
l’aventure d’être la vie dans la lumière.
J’entonne une prière,
et je n’ai pas de présent.
Accorde-moi, mémoire, ce que j’étais.
Livre-moi la minute d’une rose.
Quelle joie de vivre -je suis la nostalgie-
de le voir marcher sur le sentier
sous l’énigme des peupliers.
J’écris la vérité et je ne suis personne,
j’écris la vérité qui n’est pas écrite.
Son amour est une coupe d’existence
soudainement renversée
                                                                  où personne n’a bu.

 

**

El chopo de la escuela

Ya es hora de creer en algo indestructible. No buscamos saber entre el amor y el tiempo. Aquella luz antigua es presente, jamás se desvanece aquel sol en el árbol. Fuimos la plenitud, alguna vez. Y la tristeza. Mientras habla el maestro, el sol es lo absoluto. El niño en la ventana lo desconoce todo,
atiende a un resplandor que dentro se hace música. Hay una voz de fondo que murmura palabras, pero él vive en la luz que se derrama, en los chopos del viento de qué otoño lejano. De vacío a vacío, mitad sol mitad sombra, se desnudan las ramas con el viento, su mirada acepta la promesa: el árbol contra el cielo, la danza de las hojas ocres, rojas, ardidas, cayendo hasta la tierra. Eso sí lo conmueve, es sorda en sus entrañas la explosión. Lo demás no es el mundo, nada importa. Lo demás no es la vida, lo demás es un río de credos y miserias fluyendo por las tierras de la inutilidad.

Le peuplier de l’école

Il est temps de croire en quelque chose d’indestructible. Nous ne cherchons pas à savoir entre l’amour et le temps. Cette ancienne lumière est le présent, ce soleil sur l’arbre ne s’estompe jamais. l’arbre. Nous fumes la plénitude, autrefois. Et la tristesse. Pendant que le professeur parle, le soleil est l’absolu. L’enfant à la fenêtre ignore tout, il écoute une lueur qui en lui devient de la musique. Il y a une voix en arrière-plan qui murmure des mots, mais il vit dans la lumière qui se déverse, dans les peupliers du vent d’un automne lointain. Du vide au vide, mi-soleil mi-ombre, les branches sont dénudées par le vent, son regard accepte la promesse : l’arbre contre le ciel le ciel, la danse des feuilles ocres, rouges, brûlantes, tombant au sol. Il en est ému, l’explosion est étouffée dans ses entrailles. Le reste n’est pas le monde, rien n’a d’importance. Le reste n’est pas la vie, le reste est une rivière de croyances et de misères qui coulent sur les terres de l’inutilité.

 

***

José Iniesta Maestro, Valence (Espagne), 1962. Diplômé en Philologie Hispanique par l’université de Valence.

Publications:

  • DEL TIEMPO Y SUS CASTIGOS”, Colection de poésie ABALORIO. Sagunto 1985.

  • CINCO POEMAS”, Collection ARDEAS POESÍA. Sagunto 1989.

  • ARDER EN EL CÁNTICO” XXV Prix Ciudad de Valencia “Vicente Gaos”. Editorial Renacimiento. Sevilla, 2008.

  • BAJO EL SOL DE MIS DÍAS” XXVIII Prix de Poesía Ciudad de Badajoz. Editorial Algaida. Sevilla, 2010.

  • Y TU VIDA DE GOLPE”. Editorial Renacimiento. Sevilla, 2013.

  • LAS RAZONES DEL VIENTO”. Editorial Renacimiento. Sevilla, 2016.

  • EL EJE DE LA LUZ”. Editorial Renacimiento. Sevilla, 2017.