Un chant
« L’histoire entière du monde sommeille en chacun de nous. » Djalâl-ud-DînRûmî, Mathnawî
Nous, enfants du Tout-Monde cher à Édouard Glissant…
un chant s’élève
écoute bien
au son du derbouka
du oud de la flûte et
du violon magique
écoute bien
au loin la cornemuse l’accordéon et
le bandonéon
les rythmes s’affolent
les voix s’enflamment
les robes s’envolent
tourbillons indomptables
plus de voiles burqaniqab hidjab tchador et
autres camisoles
nos seules ailes sont celles
du désir et de la liberté
écoute bien
encore un peu plus loin
un chant créole un air jamaïcain
viens avec moi danser au son du
ukulélé
mektoub
essaime-t-elle à tout vent
sur la dune embrasée
la chatte arabe acquiesce
Mouna
l’avait-elle prénommée
***
Entre deux
Entre deux
Entre elle et
Entre lui et
Histoires entremêlées
Entre eux
La mère
La mer amère à traverser
Entre terre et ciel
Entre ciel et mer
Entre un et deux
Entre jour et nuit
Entre elle et lui
Entre mort et vie
Un rêve
Entre eux
L’âme erre
La mer amère à traverser
Entre eux deux le sommeil
Et la pluie le soleil
Et l’envers et l’endroit
Et le chaud et le froid
Et les étoiles de mer
Et les oiseaux l’hiver
Et le vent les marées
Et les lumières d’été
Entre eux
Âmes solitaires
La mer amère à traverser
Anima Persona
En petits entrechats
Et cætera
Entre deux
Une autre histoire
À raconter
23 juin 2017
***
Ubiquité
Elle était là
Il était passé très vite
Il ne savait pas
Avait cru la reconnaître
Il ne savait pas
Elle était assise là
Comme deux gouttes d’eau
A la terrasse du café
C’est par là qu’il était passé
Avait cru la reconnaître
Il ne savait pas
La veille elle avait invoqué
Le don d’ubiquité
C’est ça qu’il s’était passé
Dans le marc du café
Était-ce bien elle ?
Ou bien sa sœur jumelle ?
Un colibri envolé ?
Une mangue parfumée ?
Comme deux gouttes d’eau
Dans le marc du café
Elle s’était absentée
Trouvé passage secret
Celui d’ubiquité
Pour écouter l’amour
À chaque carrefour
Pour écouter l’amour
Parler chanter danser
Un peu plus tard
Il était repassé
Voulait se rassurer
Sur son identité
Elle
était toujours là
Dans le marc du café
Comme deux gouttes d’eau
Prête à
S’évaporer
17 février 2018
Présentation
Née en 1968 à Lausanne (Suisse), Emmanuelle Sarrouy vit et travaille à Marseille (France). Initiatrice et activiste au sein du collectif d’artistes le Collectif Endogène.
Poète protéiforme, artiste hybride, vidéaste expérimentale, adepte du métissage de toutes sortes, pratique à l’infini le mélange des genres et des supports.Écrit, image, son… Entre installations et performances. Écrit dans différentes revues (Revue des Archers, La Terrasse, Rrose Sélavy, Gonzine). Affectionne les marges, les chemins de traverse, les pas de côté, les définitions insaisissables, les cygnes, les fruits et les fleurs sauvages. Aime aimer et prendre le temps des détours.
Elle aime quand ça déborde. Elle aime quand ça danse, quand ça vit, quand ça chante. Récupérer, archiver, transformer… Respirer et célébrer la puissance du vivant au travers des petites formes, haïkus désaccordés et autres instants suspendus.
Poésie inaliénable du quotidien.
Séisme(s), (L’Atinoir Éditions, 2019) (première édition en 2011)
A tribute to Jonas Mekas, (Éditions Furtives, 2019)
Le cœur en suspension (Éditions Furtives, 2019)
Lectures musicales proposées actuellement :
ils iront la nuit / marcher sur les toits / et grignoter le ciel
Si seulement Alice…
Séisme(s)
Page Facebook :https://www.facebook.com/emmanuelle.sarrouynogues
Vimeo :https://vimeo.com/emmanuellesarrouy
Recours au poème :https://www.recoursaupoeme.fr/emmanuelle-sarrouy/
Poetry Sound Library :https://poetrysoundlibrary.weebly.com/
Le Scriptorium : http://www.scriptorium-marseille.fr/archive/2017/05/26/emmanuelle-sarouy-5948065.html
Opening book – Photo 005 : https://opening-book.com/book_viewer.php?id=10#wowbook/
Membre du Collectif Jeune Cinéma : http://www.cjcinema.org/pages/fiche_auteur.php?auteur=131
La Vidéothèque : https://lavideothequ5.wixsite.com/la-videotheque/emmanuelle-sarrouy
contact : esarrouy@club.fr / collectif@endogene.fr